des travestis en liberté

L’auteur de Petite fille, Les invisibles et Adolescentes (ces deux derniers sont dispos sur Netflix) s’est plongé dans l’histoire méconnue de la Casa Susanna, une grande maison située dans les Catskills, lieu de vacances privilégié par beaucoup de New Yorkais dans les années 50 et 60. Chaque week-end ainsi que l’été, des hommes, parfois accompagnés de leurs épouses, se retrouvaient pour vivre simplement, mais dans une certaine discrétion, leur besoin de se travestir en femme, car il faut dire que cette époque ultra-conservatrice, ce genre de comportement était considéré comme « déviant » et pouvait facilement ruiner votre vie s’il était découvert.

Pour nous raconter ce qu’était la Casa Susanna et qui étaient celles et ceux qui la fréquentaient, Sébastien Lifschitz s’est rendu sur place, a rencontré des protagonistes qui ont vécu cette époque : Jane, 83 ans, une femme transgenre, Kate, 87 ans, elle aussi devenue femme, mais aussi Gregory, petit-fils de travesti qui, étant enfant, assistait en cachette avec ses copains, aux spectacles donnés par les hommes, le soir, à la Casa ; et enfin Betty, fille d’un célèbre écrivain new-yorkais de science-fiction – qui menait une double vie comme la plupart de ces hommes qui le temps d’un week-end devenait une femme – qui raconte comment elle a vécu les rapports avec son père durant cette période alors qu’elle était adolescente.

Des témoignages, aussi édifiants que bouleversants, qui viennent mettre des mots sur les quelques rares photos présentées dans le film.

Dans ce lieu de mémoire, à la fois étrange, beau et sauvage, filmé à l’automne, Sébastien Lifshitz garde toujours la bonne distance pour laisser la parole à ses hommes et femmes revenus sur des lieux, aujourd’hui abandonnés, qu’ils avaient quittés il y a plus de 60 ans, mais qui restent très présents dans leur esprit, dans le souvenir celles qui ont vécu là des moments de bonheur et de liberté, des étapes importantes de leur vie. Des personnes qui, durant toute leur existence, ont vécu leur transidentité comme un combat, une lutte pour être reconnues telles qu’elles sont.

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