C’est bien connu, à Chartes, il ne se passe pas grand-chose et tout le monde, ou presque, travaille pour la société Breuil et fils. Daniel et son pote Scania, eux, sont bien décidés à ne bosser pour cette grosse boîte qui fabrique et vend des parfums de luxe dans le Monde entier. Mais après pleureurs tentatives dans l’auto-entreprenariat, ils doivent se résigner à bosser pour la famille Breuil, qu’ils détestent.
Daniel (Raphaël Quenard) décide qu’il est temps pour lui d’avoir sa part du gâteau. Le voilà donc qu’il met au point une arnaque, un business consistant à détourner des flacons de parfum pour les revendre, d’abord sur Internet et ensuite sur le marché noir. Le business est fleurissant jusqu’au jour où une nouvelle machine qui scanne automatiquement les cartons, le prive de son poste de manutentionnaire qui lui permettait de faire sortir en douce les parfums de l’entreprise.
Premier film de Jérémie Rozan, Cash est une excellente surprise, d’abord parce qu’il donne une nouvelle fois à Raphaël Quenard un rôle en or, à la hauteur de son talent, incarnant un beau-parleur, séducteur, grande gueule et en plus doté d’un sens de l’arnaque assez développé. Il est servi ici par des dialogues souvent très drôles, que l’on croirait sortis d’un vieux polar des années 60 dialogué par Michel Audiard, genre Le cave se rebiffe.
Le film déroule, sans temps mort, l’incroyable arnaque aux parfums montée par Alain et ses collègues complices dans un style qui emprunte aussi quelques références (toutes proportions gardées) au cinéma de Scorsese (Casino) ou Soderbergh (Ocean’s Eleven) et plus largement à tous ces films d’arnaque que l’on adore… avec une action qui se situe en plein cœur de la Beauce.
Alors que la plupart des films de ce type s’épuisent au bout de 45 minutes, Cash tient toutes ses promesses, proposant quelques rebondissements judicieux et une mise en scène aussi élégante que nerveuse, suffisant pour nous tenir en haleine jusqu’au bout.
Coté casting, aux côtés de Raphaël Quenard, on retrouve Agathe Rousselle (repérée dans Titane) le toujours précieux Grégoire Colin, et quelques seconds rôles que l’on a toujours plaisir à retrouver, à l’image de Youssef Hajdi, Nina Meurisse, Stephan Wojtowicz ou Younès Boucif.
En somme, un très bon divertissement, soutenu par un score du tonnerre : Green Velvet, Booker T, The Specials…et David Sztanke pour les compositions originales. Un film qui ne se prend jamais au sérieux, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde et qui nous fait dire que ce Jérémie Rozan, qui nous vient de la pub et du clip, est un réalisateur dont il faudra suivre les prochains films avec intérêt.
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