Cashback, film de 2007, réalisé par Sean Ellis

Titre original: Cashback (Film britannique)

résumé: Ben Willis, étudiant en dernière année aux Beaux-Arts, vient de se faire larguer par Suzy, sa petite amie, ce qui le bouleverse tellement qu'il en perd totalement le sommeil. Pour combler le trou créé dans son emploi du temps par se "tiers de vie en plus", il décide de prendre un job, et se fait engager comme technicien de surface de nuit dans le supermarché Sainsbury du coin. Là-bas, il travaille avec une bande de gigolos qui lui apprenent que la meilleure manière de ne pas s'ennuyer durant le service, c'est de trouver des occupations à faire, et surtout, surtout, de regarder le moins souvent possible l'horloge. Alors entre deux courses de trotinettes entre les étalages, Ben imagine qu'il arrête le temps (et fait bien plus que l'imaginer), en profitant pour essayer de capter la beauté des choses, et plus particulièrement la beauté féminine, croquant au passage sur ses feuilles les clientes figées, et admirant Sharon, la belle caissière qui pourrait bien détenir la clef de ses insomnies.

critique:
Ancien photographe de mode, le rêve premier de Sean Ellis étant petit, était de devenir rélisateur de cinéma et c'est pour cause de moyens qu'il s'était d'abord tourné vers la photographie. Mais voici le rêve devenu réalité et pour le plus grand plaisir de nous autres spectateurs, Sean change son appareil photo pour la caméra qu'il convoitait tant. Et c'est Cashback qui sort sur la pellicule. D'abord sous forme d'un court métrage de 18 minutes, qui fut accueilli très chaleureusement par la critique et les spectateurs dans de nombreux festivals. Ce qui motiva donc Sean a en faire un long métrage, toujours intitulé Cashback, et dans lequel est integralement incrusté le premier court métrage. C'est à ce long métrage, donnant lieu à une superbe comédie romantique complètement décalée, que je m'intéresse donc ici.

Nous suivons donc Ben, jeune artiste dans l'âme recherchant en vain à saisir du bout de son crayon le caractère insaisissable de la beauté, et en particulier de la beauté féminine. Et en même temps que lui, Sean Ellis le réalisateur semble se poser le même problème, se projetant totalement en Ben, en témoigne les mouvements de caméra, tous plus élégants les uns que les autres ou encore les passages d'une scène à une autre d'une subtile douceur. D'ailleurs, le premier court métrage, incrusté dans ce long, passe totalement inaperçu, même pour une personne en connaissant l'existence, et entre totalement dans la continuité de ce fabuleux récit, sans rupture de ton. Récit qui se divise d'ailleurs en deux parties assez distinctes. Dans la première partie, Ben est complètement sous le choc de sa rupture d'avec sa copine (une rupture loin d'être tranquille), et erre sans but réel dans les allées du supermarché. Puis arrive le moment ou Ben découvre son pouvoir d'arrêter le temps, et commence à déshabiller les clientes pour s'exercer tranquillement à son art. Là, un changement s'opère en lui, et bien que ne trouvant toujours pas le sommeil, Ben commence à faire le deuil de sa relation passée. Surtout que le jeune homme commence petit à petit à tomber amoureux de Sharon, la charmante caissière, qui finit elle aussi couchée sur le papier à dessin de l'artiste. Et finalement, la beauté restant malgrè tout quelque chose de subjectif, Ben ne finira pas, au bout du film, par la trouver, mais réalisera cependant son rêve de voir ses oeuvres exposées et rencontrer un franc succès, de même que le film de Sean Ellis a été distribué et rencontre un franc succès dans les coeurs de ceux qui vont le voir.

Mais en plus d'être une oeuvre magnifique sur la beauté, Cashback est surtout une comédie des plus poilantes, à travers les personnages hauts en couleurs peuplant ce supermarché la nuit. Entre Barry et Matt qui semblent plus emprunt à réaliser le plus de conneries qu'à entretenir le magasin, Brian qui se prend pour le roi du kung-fu, Sharon qui essaie par tous les moyens de ne pas regarder la pendule juste en face d'elle, et Jenkins leur patron, dragueur authentique mais piètre footballeur qui n'est pas mieux que ses employés, le spectateur n'a pas le temps une seule seconde de s'ennuyer et même la personne la plus déprimée ressortira de la salle avec un grand sourire aux lèvres en repensant aux scènes qu'elle vient de voir. Et quand ce n'est pas les employés du supermarché, ce sont les souvenirs que Ben nous raconte ainsi que les gags perpétrés par son meilleur amis Sean qui vous redonneront du baume au coeur. Car en effet, ce film est truffé de flashes-back de Ben se remémorant les origines de ses rapports à la beauté et ses premières conquêtes amoureuses, ainsi que celles de Sean.

Cashback est donc de ce genre de films qui restera obligatoirement gravé dans les mémoires des spectateurs, ce genre de film ou tout entre en osmose: la photoraphie (génialement réussie, normal pour un ancien photographe de la carrure de Sean Ellis), le jeu des acteurs, la musique (ni trop utilisée, ni pas assez, un juste équilibre des plus agréable), tout est subtilement mélangé pour donner ce résultat et nous faire dire qu'on n'est pas près d'oublier Sean Ellis de si tôt.

critique écrite par Tagazok

ma note: 15/20
filmsenvrac
7
Écrit par

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le 16 nov. 2014

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filmsenvrac

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