Un retour aux sources poignant

Casino Royale est le premier film mettant en scène Daniel Craig dans le rôle de l'agent 007. 44 ans après, que peut-on encore faire de la licence? Que peut apporter Craig après un Pierce Brosnan plutôt décevant (en dépit d'un formidable Goldeneye en 1995), avec en point d'orgue un Meurs un autre jour totalement raté en 2002?

La réponse est finalement assez simple: en revenir aux prémices du personnage, en adaptant le premier roman de l'agent britannique, réalisé par Ian Fleming en 1953. La scène pré-générique (en noir et blanc) annonce la couleur. Elle est époustouflante. Elle explique comment Bond est devenu un agent 00 et montre de manière particulièrement violente les deux premiers hommes qu'il a abattus.

Nouvel acteur, redécouverte du personnage. Le film est doté de scènes spectaculaires (parfois même improbables, comme la course poursuite sur le chantier) et de parties de poker qui raviront les fans du genre et même les non-initiés. Côté méchant, Le Chiffre n'est peut être pas enclin à devenir un historique de la licence comme peuvent l'être Requin, Oddjob, Goldfinger ou autre Trevelyan mais il tient plutôt bien son rôle, avec à la clé une scène de torture qui, elle, restera dans les mémoires.

Mais finalement, c'est bien le personnage de Bond dont l'évolution est bluffante grâce à un travail d'acteur formidable. Froid, cynique, sans faille pendant la majeure partie du film, l'agent 007 (et il le dit lui-même) devient un homme comme un autre lorsqu'il rencontre l'amour, en la personne d'Eva Green, alias Vesper Lynd. Une nouvelle facette, humaine et quasi pathétique de Bond, qu'on avait connu amoureux (et même marié) une seule fois dans l'histoire de la franchise, sous les traits de George Lazenby en 1969.

Même s'il y a quelques longueurs, Casino Royale s'inscrit sans conteste parmi les meilleurs films de James Bond. Quant à Daniel Craig, il démontre avec talent que son choix était clairement le bon. Après cet incontestable succès, on attendait avec impatience Quantum of solace. Qui, malheureusement, ne sera pas aussi puissant et mémorable.