Insuffler une bonne dose d'humanité à ses personnages tout en jouant la carte du comique potache reste la recette commerciale la plus courante et la plus efficace chez l'acteur-réalisateur Gérard Jugnot, auteur d'une bonne dizaine de comédies populaires et attachantes. Cette recette fut le fruit de réussites telles que le touchant Pinot Simple Flic ou encore l'excellent Une époque formidable mais aussi de quelques ratages, dont le médiocre Casque Bleu sorti en salles en 1994.
La lourdeur de ce cinquième long métrage est quasiment omniprésente, qu'il s'agisse de l'écriture des dialogues, des personnages ou encore des situations. Le postulat scénaristique reste assez simple : montrer un couple de bourgeois en pleine crise conjugale qui voit ses vacances se transformer littéralement en véritable champ de bataille... Sujet pas forcément inintéressant mais traité ici avec une telle insistance mélodramatique que la charge émotionnelle tant revendiquée par Jugnot n'opère que très rarement, voire pas du tout. Si la recette reste la même que pour ses précédents longs métrages ( mêler le comique à l'émotion, la gaudriole à l'humanité...) l'acteur ne parvient qu'à livrer une piètre comédie plus grotesque qu'autre chose. Il est évident que l'intention de l'acteur-réalisateur était d'émouvoir son audience à partir d'une idée certes plausible mais très mal traitée dans sa forme : la musique y souligne constamment l'émotion, les seconds rôles sont plus ou moins désastreux ( nous retiendrons le numéro ridicule de Jean-Pierre Cassel en homosexuel refoulé, ou encore la prestation passable de Valérie Lemercier en secrétaire nunuche ) et la réalisation reste très maladroite voire invraisemblable dans ses effets. C'est assurément un ratage cinématographique pour Jugnot, que l'on a connu bien plus talentueux par le passé...
Casque Bleu se laisse pourtant suivre sans broncher, sans doute grâce au capital sympathie de son auteur qui livre une prestation somme toute plutôt correcte. Le film reste objectivement en dessous de la moyenne mais ne vire pas pour autant à l'antipathie, ce qui le sauve de la catastrophe intégrale. Une comédie médiocre et poussive.