Adapté du spectacle culte d'Andrew Lloyd Webber, Cats est arrivé en salle pendant une semaine à Paris et une autre en périphérie avant de disparaitre. Le film est infect, c'est très mérité, mais j'aurais quand même bien voulu le voir en salle, histoire de...
PirateBay s'est chargé de réparer ce trouble, et hier, en plein Grand Confinement de 2020, nous nous sommes réunis avec une poignée d'ami(e)s pour le regarder ensemble, chacun chez soi en visioconférence. Merveille de la technologie.
La technologie, cœur même du problème de Cats. Aujourd'hui on peut tout faire, mais comme le disait Jeff Goldblum dans sa célèbre mise-en-garde de 1993 : "Your scientists were so preoccupied with whether they could, they didn't stop to think if they should."
Cats se prend les pattes dans le tapis, sans s'arrêter de tituber jusqu'au bout.
Ce film est absolument repoussant, chaque plan est un nouveau défi pour la rétine ! Les Jellicle Cats qui peuplent les rues de Londres sont d'horribles créatures hybrides que Lovecraft lui-même n'aurait pas imaginé...
Sur scène, il existe un pacte entre le spectacle et le spectateur, qui fait que ce dernier comprend que ce sont des chats, mais qu’il voit des humains déguisés. Il les ACCEPTE comme chats par le biais de la mise en scène.
Dans le film, ce sont juste des monstres.
C’est pas des chats... C’est pas des hommes déguisés...
C’est près de deux heures d’abominations génétiques qui chantent en se présentant les uns les autres sans qu’il n’y ait de but ni de raison...
Et là ce trouve la deuxième grosse faille du film. Il ne se passe tellement rien qu'on se met à essayer de combler les manques en cherchant plus de sens qu'il n'y en a. Voilà ce que j'en ai retenu, vous m'arrêtez quand je me trompe :
Londres. Une nuit, un homme jette une chatte blanche coincée dans un sac dans la rue. Pas dans la Tamise, nan, au milieu de la rue, comme ça. Elle sort et elle est accueillie par une meute de chats danseurs et chanteurs, les Jellicle Cats, qui lui font un accueil de cinglé comme s'ils savaient qu'elle allait arriver et qu'ils avaient répété toute l'année pour cet évènement... Mais en fait non : l'évènement de la soirée c'est que la chatte Vieux Deutéronome doit décider qui va clamser pour se réincarner, au cours d'un long concours façon American Idol.
Y'a un chat, on sait pas trop s'il est Jellicle ou non mais il a pas l'air, en tout cas les Jellicles le craignent car il a des pouvoirs magiques et qu'il est maléfique comme pas deux : Macavity. Alors lui il veut absolument gagner le concours, donc sitôt qu'un concurrent est trop talentueux, hop ! il le téléporte dans une barge sur la Tamise pour s'assurer la victoire. Malin le mec.
Là dessus, j'ai envie de demander pourquoi il veut mourir, lui qui est si bien loti, avec des pouvoirs magiques et un corps de Terry Crews poilu et shampouiné. Mais passons, il ne vient que de temps en temps pour rapter des chats.
La chatte blanche, Victoria, va passer à peu près une heure et demie de métrage à se voir présenter tous les chats un peu importants du voisinage, tous avec des noms absolument improbables, comme Asparagus, Bombularina, Skimbleshanks ou Rum Rum Tugger ! Il y a comme ça une quarantaine de noms à retenir, sachant qu'il ne se passe RIEN D'AUTRE que des présentations. Voilà bidule, voilà untel, voilà Grizabella mais on lui parle pas, elle est noire et pauvre...
Finalement, vous l'avez deviné, Macavity ne gagne pas le concours, ça revient à Grizabella, qui était pas loin d'abandonner mais qui grace à Victoria fait un come-back d'anthologie et part en montgolfière. Vieux Deutéronome nous fait alors un dernier laïus au moins aussi interminable que l'épilogue-marathon du Retour du Roi en concluant qu'un chat, ça n'est pas un chien.
Cats laissera longtemps le spectateur se demander pourquoi. Pourquoi il a regardé ça ? Pourquoi il a tenu jusqu'au bout ? Pourquoi Dame Judy Dench écarte les cuisses quand elle est contente ?!
Une chose est sûre, il a tenu, il a survécu. Et il lui appartient maintenant d'en parler aux générations à venir...