Dans Cavalier express, Alain Cavalier nous propose pour ces huit courts métrages de regarder le monde différemment, selon une philosophie qui lui est propre. Chacun possède des sens cachés, et il y a le plus souvent une deuxième lecture de l’œuvre à réaliser si l’on veut comprendre sa philosophie.
Ce que l’on remarque en premier est la présence de corps. Cavalier utilise des personnes pour en dégager quelque chose. Par exemple la matelassière, la rémouleuse et l’illusionniste sont 3 personnes âgées qu’il a filmées en plein travail avec une technique de qui tient du documentaire ou de l’interview. Ces trois personnages, très âgés et dont le travail semble ne plus être d’époque deviennent, à travers cette simplicité de l’échange et du dialogue, des personnes sublimes. Lorsque Cavalier demande à la matelassière de regarder simplement la caméra, on voit toute une vie dans ses yeux. Toute sa vie. Et c’est particulièrement ce qui touche le caméraman, c’est à dire aussi le spectateur. Dans le court métrage qui rassemble des plans uniquement sur le visage de Catherine Deneuve, on remarque quelque chose de différent. Les expressions semblent pauvres, pauvres en naturel et en vérité. Lorsque le personnage s’énerve on a l’impression que l’émotion est sur-jouée. Deneuve nous offre une image de l’émotion, alors que la matelassière nous donne un regard plein de vie, et c’est nous qui percevons l’émotion. Avec un peu de recul, la question qu’Alain Cavalier nous pose à travers ces yeux est : a-t-on besoin d’acteurs pour faire un film ? Ou pour transmettre un ressenti, une émotion, au spectateur ?
Dans un tout autre contexte, il y a ce court métrage « J’attends Joël ». La première lecture nous montre un personnage attendant son ami, pour aller voir ensemble le match de la coupe du monde. La seconde lecture arrive quand Cavalier commence à parler de la télévision. Il trouve fabuleuse la technique du direct, de découvrir au même moment que l’action ce qui se produit vraiment. N’est-ce pas ce qu’il fait lui aussi dans son court métrage ? Consciemment ou non, nous, spectateurs, découvrons en même temps que Cavalier le fait que son ami ne viendra pas. C’est du direct au cinéma, le scénario n’était pas écris, du moins pas de cette manière.
La conclusion la plus évidente au regard de ces courts métrages est qu’Alain Cavalier semble vouloir nous montrer un aspect nouveau du cinéma, un cinéma « à la Cavalier » qui remet en cause de nombreuses techniques de tournage, d’écriture ou de casting. Il voudrait nous montrer un cinéma plus vrai et plus proche de l’humain.

Antoine-Leroy
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le 28 nov. 2015

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