Quand un documentaire décide de faire cavalier seul...
Je vous l'accorde, le sujet de ce documentaire n'est pas le plus excitant qui soit et peut paraitre pour le moins clivant, réservé aux seuls amoureux de nos amis les canassons. Et pourtant ceux-ci pourraient bien être au bout du compte déçus, tandis que les cinéphiles ayant un fort penchant pour l'anthropologie pourraient eux être comblés.
Au point de départ il y a le désir de Jean Rochefort de parler d'un monde qui lui est cher, et son intelligence de confier le projet non pas à un documentariste mais à une réalisatrice de fictions, en l’occurrence Delphine Gleize. Et c'est à mon avis dans ce choix que réside la grande réussite de ce film. On sent en effet que le thème de départ échappe très vite à la réalisatrice et tant mieux. La sortie de piste a pour résultat un récit en toute liberté, la gloire à la beauté du cheval laissant rapidement la place à une plongée complexe et terriblement émouvante au cœur de l'humain, avec ses richesses et ses failles. Au moment où la caméra semble s'effacer, l'histoire de ces personnages à la fois simples et beaux prend toute son ampleur, et impose une réelle puissance dramaturgique.
Je ressors de de là terriblement ému et conforté dans l'idée que le documentaire est décidément un genre passionnant, en mouvement perpétuel, surtout quand ses codes sont ainsi bousculés.