L’été, c’est bien. Il fait chaud et le soir, quand il fait toujours chaud aussi, on traîne davantage dans les rues et sur les terrasses, on reste dehors plus longtemps, on flâne, on rit plus fort, et l’air est différent, on le sent, plein de promesses, de promenades, de rencontres et de fêtes. Et puis l’après-midi parfois, on fait l’amour. Parfois aussi, il y a des gens qui meurent, il y a des gens qui tombent. Sasha vient de mourir, en fin d’après-midi, après le travail en traversant le parc pour rentrer chez elle. Sa disparition soudaine, brutale et impensable, dévaste ses proches, Lawrence son petit ami, Zoé la cadette et puis ses parents. Tous vont devoir se reconstruire, partager leur peine et l’absence qu’a laissée celle qu’elle était pour eux, aimée : une compagne, une sœur, une fille.


En trois étés, dans trois villes et sur trois ans, Mikhaël Hers suit avec tendresse Lawrence et Zoé à travers leur cheminement du deuil, ce deuil qui bouleverse tout et détraque ces petits riens. Le quotidien, les volontés, le présent et l’avenir… Comment se projeter, comment avancer, comment se souvenir, et jusqu’à sourire à nouveau ? Le film, vagabond et lumineux, sait capter, et sans jamais dramatiser ses effets, les émois et les hésitations de chacun face au manque d’un être cher, privilégiant la relation, ténue et solide en même temps, entre Lawrence et Zoé (Judith Chemla, trop rare) qui fonctionne comme un rempart au chagrin, à la perte. Des rescapés de Sasha, déambulant de Nation à Coney Island, d’Annecy à Brooklyn.


Le parallèle avec Oslo, 31 août est tentant bien sûr, tentant carrément, déjà par la présence, toujours remarquable, d’Anders Danielsen Lie, et parce que les deux films travaillent admirablement le thème du deuil, de l’autre ou de soi, et saisissent avec grâce une grande métropole (Berlin, Paris et New York, sensuelles comme jamais) dans l’ivresse estivale, et sont construits sur un même tempo, des mêmes musiques au hasard (magnifiques morceaux choisis et magnifique b.o. de David Sztanke), un même spleen, une même façon d’envisager les jours qui passent comme quelque chose de vital, de précieux et de complexe (inertie professionnelle, déroute sentimentale, peur des lendemains…). Mais Ce sentiment de l’été sait finalement moduler sa propre mélodie, sensible et discrète, pour dire les doux adieux à l’autre.


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le 5 févr. 2016

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