- Non monsieur Adrien n'avait pas un seul ennemi. Non. C'était un saint.
- Jésus fut également un saint, et cependant...
- Vous ne m'enlèverez pas de la tête que c'est l'oeuvre d'un fou. Seul un fou a pu assassiner une personne d'une telle bonté.
- Il était votre ami je crois.
- Mon meilleur ami. Le pauvre aveugle que je suis cherché un violon. Monsieur Adrien fut très bon, il m'en donna un pour que je me défende mieux et je crois que d'après lui, c'était le premier qu'il avait conçu et fabriqué ayant une telle sonorité.
Un stradivarius est retrouvé brisé devant le cadavre de son créateur. La seule preuve vient d'une mélodie inconnue entendue par un vieux violoniste aveugle durant le meurtre. Qui a assassiné Luthier Adrien avec une corde à violon dans son atelier ?
" Ce soir les souris dansent ", en espagnol " La mélodie mystérieuse " dont le titre original est " L'ombre de stradivarius ", est un film oublié de tous que j'ai eu la chance de découvrir dans la collection " Les invisibles du cinéma ". Une production franco-espagnole réalisée par Juan Fortuny présentant une intrigue policière autour d'un meurtre mystérieux sur un fabricant de Stradivarius duquel un spectre provenant d'un violon brisé laisse planer une étrange et possessive mélodie meurtrière tout du long de l'enquête. Même si l'enquête s'avère pas toujours évidente à suivre, l'intrigue fait preuve d'une certaine originalité avec son scénario noir pourvu de plusieurs idées qui surprennent, poursuivant un assassin lui-même poursuivit par une mélodie inconnue. Un polar avec ses codes qui l'agrémente, imprégné d'un esthétisme soigné au niveau des nombreux décors, avec un contraste équilibré entre l'Espagne avec Barcelone et la France avec la Côte d’Azur.
Avec son budget visiblement réduit, la technicité de Ce soir les souris dansent, révèle une réalisation relativement pauvre et bricolée avec un manque de moyens autour de certains contrastes. Heureusement la mise en scène du cinéaste est suffisamment intelligente pour livrer quelques séquences touchées par la grace, comme par exemple lors de la scène d'ouverture avec le plan-séquence, ou encore durant la chanson chantée par Mick Micheyl dans une mélancolie touchante et pleine de sens au piano dans le bar. Une petite ambiance appréciable se déverse tout du long, qui s'amplifie efficacement par endroits en angoisse comme dans l'atelier de fabrication de violon de la victime Luthier Adrien (hommage appréciable à Luthier Antonio Stradivari), ou alors pour mieux prendre une atmosphère plus contemplative et dégustative lors des représentations cabarets.
Au niveau des personnages et interprétations c'est un peu le foutoir, on passe de l'excellence à la médiocrité d'une scène à l'autre. Mick Micheyl qui était une importante vedette du cabaret et de la télévision dans les années 50 et 60 incarne Lydia Martha, un personnage fort au comportement étrange, dans une interprétation que certain trouve surjouée et peu démonstratif, mais que pour ma part j'estime au contraire être soignée et authentique avec une prononciation de dialogues naturels. On a droit à quelques chansons de son répertoire qui sont très appréciables. Carlos Otero est pas mal dans le rôle de Florencio, la nature de la relation qu'il entretient avec Mick Micheyl amène du relief au récit. Howard Vernon, joue le rôle d’un inspecteur français Revel, et Raymond Gast dans le rôle de l'inspecteur espagnol Luna. La relation amicale qu'entretiennent les deux hommes est intéressante, ils amènent une force tranquille à l'intrigue. Cependant je trouve l'interprétation d'Howard Vernon mauvaise, il surjoue énormément. Pour le reste du casting Dany Carrel, Manuel Monroy... ce n'est pas trop mal.
CONCLUSION :
Ce soir les souris dansent, est une oeuvre réalisée par Juan Fortuny à regarder pour son intrigue meurtrière originale autour d'un violon brisé. Un récit non dénué de défauts notamment avec son casting instable, et certaines technicités pas très au point, dont on retiendra surtout une enquête policière intrigante avec un rythme malheureusement décousu, avec une ambiance visiblement inspirée, ainsi qu'une Lydia Martha surprenante d'authenticités et de simplicités avec sa voie magnifique.
Pas mal du tout, à découvrir pour les curieux du genre.