On ferme boutique.
Célébré par Jean-Luc Godard lors du Festival de Cannes en 2001, Ce vieux rêve qui bouge est un moyen-métrage d'Alain Guiraudie, racontant la dernière semaine avant la fermeture d'une usine, et qui...
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Deuxième moyen-métrage d’un des auteurs français actuel les plus passionnants, Ce vieux rêve qui bouge est un film crépusculaire, filmant Jacques, un jeune technicien qui fait office de protagoniste dans ce récit, et qui se voit confier pour mission de démanteler la dernière machine d’une usine en voie de délocalisation. Guiraudie documente le labeur et les errements des ouvriers ; les hommes se croisent, boivent, discutent, de leur vie de famille, de leurs grèves, de foot, apprennent à se connaître, des amitiés se forment, un peu plus que des amitiés aussi ; et par ses longs et verbeux plans-séquences fixes, Guiraudie impose au spectateur un rythme lancinant, lascif, parfaitement en adéquation avec l’atmosphère érotico-morbide qui hante le film.
Érotique, car l’isolement de ces hommes, le partage de leur intimité, dans les vestiaires notamment – Guiraudie, comme il prendra dans la suite de sa carrière l’habitude de le faire, filme la nudité sans ambages –, les amènent à se désirer sans oser se l’avouer directement : dans cet environnement purement masculin, on avance par tâtonnement dans la séduction, l’homosexualité étant évidemment non-dite, et donc chaque situation s’opacifie sous un voile d’ambiguïté qui renforce la tension des dialogues en apparence parfois triviaux.
Morbide, car tout dans cet usine presque déjà abandonnée, laissée à pourrir sous un ciel d’été brûlant, semble condamné à la décomposition et la mort – le film pourrait presque être une libre adaptation de la prose poisseuse de la Charogne de Baudelaire. Les relations entre ces hommes elles-mêmes semblent tissées en vain, puisque Jacques ne reste jamais au même endroit, et accepte les missions de ville en ville sans s’attacher.
Guiraudie lance un regard tendre mais aussi froidement frontal sur la vie de ces hommes aux existences absurdes : absurdité du labeur, inutile dans une usine de toutes manières programmée pour l’extinction ; de la vie de ce « vieillard » de 51 ans, qui à force de mettre bout à bout les jours, a fini par passer 30 ans de sa vie dans un emploi qui devait être temporaire ; des sentiments de Jacques, qui comme il l’avoue n’exerce aucun contrôle dessus, et transporte avec lui des rêves de liaisons impossibles.
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le 6 janv. 2023
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