On ferme boutique.
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le 2 févr. 2017
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Je comprends que Godard considère ce film comme le meilleur du festival de Cannes l'année où il a été présenté, c'est tout ce qu'il aime (et moi aussi). Quelque part ça serait à rapprocher de Tout va bien (d'ailleurs un personnage dit que tout va bien dans le film, mais je ne pense pas que ça soit une référence), ou plutôt Tout va bien une fois que la grève, la prise d'otage des patrons a échoué... on démantèle l'usine... pièce par pièce... on met les ouvriers au chômage, le directeur de l'entreprise aussi.
Et puis Godard aime voir l'ouvrier au travail et c'est exactement ce que ça montre, quelqu'un qui est payé pour venir démonter une machine et qui la démonte en se liant avec les gens sur place.
Ce lien qui se créer est vraiment beau parce qu'il est tout simple, c'est le fait d'aller picoler ensemble, de se regarder, de se regarder travailler, de se désirer, mais aussi de se confesser, de parler de la vie. Et on a beaucoup de phrases très belles, le personnage principal dit qu'il ne peut pas travailler toujours au même endroit et on a un vieux gars (enfin pas si vieux, mais que les années ont usé prématurément, ce qui est d'ailleurs révélé avec beaucoup de douceur) qui dit que lui a travaillé trente ans dans la même usine... bien que ce n'était pas son plan initial, mais que c'est juste la somme des jours mis bout à bout, ce qui fait finalement une vie... après qu'on l'ait prise au jour le jour.
Je trouve ça terriblement beau, vrai, triste et vraiment terrifiant. Parce qu'à moins que l'on ait un accident, et bien on le sera tous... vieux, moche, décrépi, sans grandes ambitions à se demander ce que l'on a fait de notre vie... la passer à faire la même chose, l'avoir gaspillée, l'avoir totalement détruite... parce qu'on a perdu son temps à "gagner sa croûte". Je trouve ça réellement terrible.
C'est la beauté et la dureté de la vie que l'on peut voir sur ces visages fatigués de gens simples.
D'ailleurs Godard disait dans France Tour Détour Deux Enfants qu'en mettant des gens simples à la télévision qui faisaient des choses normales c'était un indice pour le spectateur, une façon de lui dire : "Toi aussi tu es intéressant". Et ce film c'est exactement ça, ça parle de notre vie à tous, qu'on le veuille ou non... (dans le tous j'exclue forcément les nantis)
Il faut aussi bien le dire, c'est un film qui arrive à traiter avec une vraie justesse des relations entre hommes, on n'est pas dans une sorte de fantasme où la sexualité est libérée dans un milieu professionnel et ceci pour aucune raison valable, ça se fait par tâtonnement, par non-dit... C'est par ailleurs un film où l'homosexualité permet de rajouter de l’ambiguïté ce qui n'aurait pas été possible avec un héros hétérosexuel. On a alors un vrai rôle, tout en finesse et en subtilité que je trouve absolument génial parce qu'on a quelque chose de pensé. On ne fait pas comme si l'homosexualité allait de soi, bien au contraire, on voit que c'est empli de troubles, de non-dit... et que pour autant le désir ne se commande pas. J'aime beaucoup cette phrase lorsque le héros dit : "je ne peux pas tous les aimer" en parlant des hommes, justifiant que le fait d'être homosexuel ne veut pas dire aimer tous les hommes... et je trouve ça très vrai (mais moi j'aime toutes les femmes).
Donc ça a beau durer que cinquante minutes c'est vraiment un pur beau film.
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Créée
le 15 mars 2016
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