C'est peu motivé que j'ai abordé "Celebrity". Il est vrai que je m'attendais à voir exposée sans nuance cette fascination qui habite notre Woody pour la jet-set et les mondains. Au final, j'ai trouvé que "Celebrity" était moins pénible que prévu , et que sans être un passage obligé, il reste une fable amusante sur les chanceux et les perdants.
Fondamentalement Allen nous montrent deux personnages dont les destinées vont être diamétralement opposées. Suite à une rencontre avec Wynona Ryder, Lee, (Kenneth Brannagh, pas inoubliable) journaliste en train de sombrer dans la déprime, quitte sa femme, pour "se réinventer", croit-il. Robin (Judy Davis, bien comme toujours) elle, est sous le choc, mais comme l’histoire va nous le montrer, elle n'a peut-être pas tout perdu dans cette affaire.
A partir de cette rupture, Allen ne fait pas dans la dentelle et envoie ces personnages sur des trajectoires assez stéréotypées. Lee , son double, va subir les conséquences de sa gaucherie et fréquenter les pires "alliés" qu'il puisse se faire. De starlettes en mauvais deals, de catas en bêtises, il va se retrouver flottant en marge de la société qu'il voudrait intégrer, sans trouver la porte d'entrée. Robin , elle, va se trouver aspirée presque contre son gré dans cette jet-set, par un incroyable concours de circonstances favorables.
J'ai bien aimé que Allen mette ainsi en avant le côté chance de toute histoire personnelle car la chance n'est pas une circonstance anodine, et en avoir ou pas est un paramètre cruel de beaucoup de vies. Lee n'est pas un mauvais bougre, Judy n'est pas si méritante, pourtant il se débat sans succés (enfin, il sort avec Famke janssen et Wynona Ryder , excusez du peu ) tandis qu'elle voit le sort lui sourire.
Sur un autre terrain, plus psychologique, Allen avait déjà créé un personnage comme Lee dans "Crimes et délits", qui voyait ses rêves minés par ses névroses, tandis que son adversaire, plus entier, moins subtil mais plus honnête (Allan Ladd) recevait les lauriers qu'il espérait. Chance et talent de vivre, deux ingrédients que semblait vouloir opposer Allen dans "Celebrity" mais qui sont maniés malheureusement bien grossièrement dans cet opus un peu lourd.
Content de l'avoir vu au final, mais c'est tout-à-fait oubliable, à moins bien sûr que l'on compte comme nécessaire à sa culture cette improbable scène avec .... Donald Trump!