Cet exercice de style constipé, aussi vain qu'artificiel, dont le seul rythme s'impose par les clapotis du clavier et des notifications, est d'une froideur et d'une vulgarité consternantes. Ni la mise en scène ni les acteurs n'arrivent à susciter la moindre émotion : on recherche désespérément une tension amoureuse, une harmonie virtuelle ou des sympathies mystérieuses à travers l'écran. Rien, calme plat, ennui absolu. Le personnage principal n'est qu'un fantôme exaspérant, celui d'une adolescence aussi pauvre sentimentalement que médiocre dans l'expression, qui hante un corps vieillissant. Pourtant, l'amour virtuel n'est pas inconsistant. Il n'est fait de smileys dérisoires et d'excitations puériles que dans l'imagination des plus de cinquante ans. Il est au contraire fait de silences, d'éloignement, d'une parole souvent volubile et de conversations profuses, d'écrits et de liens (musique, articles, sujets d'actualité, etc,...), renvois constants au monde réel. On voit que le réalisateur lorgne sur ce sujet actuel, celui de l'amour virtuel, avec un regard bien trop étranger et incompétent pour ne pas sombrer dans une vulgarité auxquelles des impasses formelles le condamne bien trop ostensiblement : ainsi, le jeu malheureux et très netflixien avec les fins et les vérités alternatives enlève toute substance au film, sans parler du télescopage avec les Liaisons dangereuses dont on se demande s'il n'est là que pour rappeler, par contraste, l'inanité du film. Dans "Celle que vous croyez", aucun amour, aucune conversation -- dont les réseaux marquent pourtant une sorte de retour --, seulement le cinéma soporifique d'un corps vieux désirant un corps jeune.