Le sens de la vie
Cemetery Junction commence comme si on était de passage dans le petit village paumé qui donne son nom au film. On se demande si on a bien fait de s'arrêter. Une première impression qui s'estompe à...
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le 14 oct. 2017
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Special correspondents m’a donné envie de voir davantage de Ricky Gervais… malheureusement, j’ai déjà fait le tour, avec ses films et ses séries. Il ne restait que Cemetery junction, qu’il a écrit et réalisé, mais que j’avais rechigné à voir jusque là parce que ça n’était pas vraiment une comédie, ça ressemblait davantage à du drame.
La bande-annonce ne m’a pas fait davantage envie, ça faisait penser à une de ces histoires de "coming-of-age" comme tant d’autres… m’enfin j’ai tenté le coup tout de même, dans l’espoir d’y retrouver une once de l’humour habituel de Ricky Gervais.
Cemetery junction est le nom d’un coin paumé où l’on suit le destin de plusieurs jeunes, au début des années 70.
Un trio d’amis, qui aiment draguer et se bagarrer pour un rien, ensemble. L’un d’eux aspire toutefois à mieux, il refuse de rester toute sa vie dans ce patelin et de devenir comme son père, mais on sent que les deux autres le tirent vers le bas. L’un d’eux prétend aussi qu’il ne deviendra pas comme son paternel, mais il ne fait rien de sa vie, et demeure un délinquant.
Tout ça est posé dès les premières minutes et paraît tellement vu et revu… et c’est une sensation qui demeure pendant tout le film.
Les personnages sont des losers, certes, mais j’aurais souhaité que l’humour du film n’en reste pas à leurs blagues navrantes. La première touche "comique", c’est quand l’un d’eux pète au visage d’un autre…
Les blagues sont très beaufs, très lourdes (le tatouage de vampire, WTF ?), leurs plaisanteries puériles sont d’un mauvais goût prononcé, et j’ai l’impression que c’est censé amuser, créer une connivence avec les spectateurs pour qu’on soit de leur côté, mais j’avais juste envie de voir quelqu’un les faire arrêter leurs conneries une bonne fois pour toutes.
Un personnage est carrément glauque, celui du restaurateur qui est l’incarnation même du terme "creep", avec ses cheveux gras, ses dents de travers, sa voix étrange, et son obsession gênante pour le sexe.
J’ai eu du mal à dire si ça se voulait comique pendant un moment, car c’était difficile pour moi de concevoir que oui, vu les "gags", mais c’est visiblement le cas…
Le moment qui m’a le plus amusé, c’est le cameo de Stephen Merchant, qui n’est pas hilarant non plus (et qui n’est là vraiment que pour faire apparaître ce type), mais le jeu de l’acteur me fait toujours marrer.
Les parents du personnage principal racontent constamment de la merde, tantôt raciste, tantôt moralisatrice, et là non plus je ne sais pas si c’est censé comique, même si le ton adopté laisse à penser que oui, mais c’est avant tout déplaisant à entendre. C’est censé exprimer l’incompréhension du héros par ses proches, mais c’est tellement lourd que ça s’est avéré contre-productif, ça ne m’a pas fait ressentir de l’empathie.
Et d’un autre côté, on a les potes du héros, l’un qui raconte aussi de la merde parce qu’il est simplement insolent et tient à son point de vue très fermé, et l’autre parce qu’il est juste con.
C’est hallucinant le manque de tact qu’ont les personnages, n’importe lequel d’entre eux, que ce soit les jeunes crétins ou le riche chef d’entreprise en plein discours, ça en est ridicule.
Cemetery junction veut se donner du caractère en caricaturant un peu tout (ce qui ne fait qu’exacerber les choses), parce que toutes les intrigues utilisent des grosses ficelles, mais pire encore, des grosses ficelles déjà vues tellement de fois… Par exemple le boulot dans la boîte d’assurance, où il faut vendre à tout prix en s’appuyant sur des mensonges éhontés ; on a déjà vu ça ailleurs et en mieux.
Au milieu de tout ça, le héros convoite la fiancée de son collègue de travail, avec qui il sortait quand il était plus jeune. Leur histoire est ultra bancale, ils se revoient par hasard après 10 ans, peu de scènes développent leur relation, mais on est censés croire d’ici la fin du film qu’ils s’aiment.
La décision du héros de tout plaquer à la fin, et de partir explorer le monde sur un coup de tête, sans assurance d'un boulot ou d'un logement, est censée être prise comme un happy end, faisant preuve d'une émancipation. Mais ça démontre juste à quel point le personnage est influençable et sans personnalité : au début il avait des aspirations très matérialistes, il rêvait d'être riche et d'avoir une Rolls, mais il a suffit qu'une jolie fille évoque vite fait d'autres pays et un vieux dicton arabe pour qu'il change d'avis. Et il justifie ce choix de nouveau mode de vie aux autres uniquement en répétant mot pour mot ce qu'elle lui a dit.
C'est triste.
Concernant la fille, elle échappe à un type qui veut contrôler sa vie en la gardant au foyer, pour rejoindre un autre qui lui impose au dernier moment la décision de le suivre ou non, avec pour seule raison le fait qu'il "croie" être amoureux d'elle. Une démarche égoïste également donc, où uniquement ses propres sentiments importent. (même si au final la fille exprime la réciprocité de ces sentiments, mais au vu du peu de scènes partagées entre eux, on n'a pas de quoi y croire)
En fait, c'est idéologiquement douteux.
Cemetery junction débutait en empruntant la même voie que tout un tas d’autres films… et jamais ne s’en écarte, jamais ne surprend.
Un film tout à fait oubliable.
Bon, au moins la BO est sympa…
Créée
le 6 mai 2016
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