Réalisateur et scénariste, Henri Verneuil confirme son potentiel étonnant et son investissement artistique admirable de cinéaste en nous proposant cette adaptation cinématographique du roman Nous n'irons pas en Nigeria de Claude Veillot. Après avoir bâti une réputation internationale avec son précédent long-métrage Mélodie en sous-sol, ce dernier signe un road-movie purement viril et torride, en mettant en confrontation deux des plus réputés comédiens français, Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura, dans une longue course-poursuite caniculaire entre deux camions.
Ces deux derniers livrent une prestation solide de leurs personnages, ce sont des acteurs qui avaient les compétences et le talent nécessaires pour camper deux personnalités fortes et combatives. J’approuve totalement le choix de ces deux comédiens, Jean-Paul Belmondo est le genre d’homme qui se comporte comme un frimeur, un beau gosse et qui se la pète comme cela lui chante alors que Lino Ventura est plus du genre à jouer l’ouvrier sérieux, celui qui se contente de faire son boulot avec une tendance à râler sur tout ce qui lui déplaît, voire même à foutre le bordel.
Ce duo de comédiens est un des plus gros points forts du film, ainsi qu’une mise en scène bien structurée et un scénario simplement bien écrit. On est devant un road-movie qui se regarde plaisamment, sans la moindre gêne, truffé de scènes d’action techniquement bien filmées telles que la course-poursuite serrée entre les deux camions et des scènes distrayantes comme les apparitions multiples et sympathiques de Bernard Blier. Le road-movie est un de mes genres de productions préférées, surtout quand le film se déroule dans un coin ardent comme le sud du Maroc.
Le réalisateur a vraiment mis l’accent sur ces paysages vides et brûlants, en employant le format 2.35 pour filmer des plans sous la forme d’un panorama, technique pour mettre en évidence l’immensité du désert du Sahara. On sent qu'Henri Verneuil s’est bien appliqué pour rendre le film le plus divertissant possible, en filmant sans arrêt la progression des camions dans des endroits plus ou moins durs à franchir et en accentuant du mieux qu'il pouvait la relation tendue et hostile entre Belmondo et Ventura, avec des répliques de Michel Audiard faisant mouche à tous les coups. Une production faite pour distraire son public, ni plus, ni moins. 7/10
Oh tu sais, quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent.