Centaure est un film en quête d’une communication qu’il ne trouve et ne restaure que par bribes fantomatiques, le temps d’une chevauchée nocturne magnifique. La femme est sourde-muette, le fils ne parle pas, l’amie et veuve Maripa aimerait combler sa détresse affective dans les bras de l’homme marié, le village ne comprend pas les motivations de ce dernier et le condamne. On parle avec les mains, avec les ombres et les images projetées, on consulte une voyante pour réveiller la parole enfouie en l’enfant, on questionne le cousin sur les raisons du vol de cheval. Ce cheval qui obsède le réalisateur du début à la fin ainsi que le personnage de Centaur dont il constitue un prolongement naturel et ancestral. La fracture de la communication revêt en outre une valeur politique forte, témoignant du bouleversement religieux à l’œuvre dans la société du Kirghizistan.
Assez lourdement démonstratif au demeurant, le film vaut donc pour la fuite qu’il met en scène, une fuite en arrière qui raccorde l’être humain à ses racines et à ses ailes, une fuite qui refuse l’ancrage matérialiste et libéral pour prôner un retour au nomadisme et à la poésie de l’émotion primitive.