Un capitaine yakuza (Sawaki) sort de prison après huit années purgées pour le meurtre d’un rival. Entre temps son organisation s’est dissoute, pour mieux se fondre dans les affaires légales. Lui a gardé le code de chevalerie originel du milieu (ninkyodô) tandis que ses anciens collègues qui ont endossé le costume sont sans foi ni loi dans les affaires. Ils corrompent un député, droguent les filles qu’ils font tourner dans des pornos clandestins. Bientôt Sawaki et son ancien lieutenant Shimamura vont s’affronter autour d’un terrain où se situe un bidonville que ce deuxième veut raser dans le cadre d’un projet immobilier important, mais Mie, l’ex-femme de Sawaki vit dans ce bidonville avec l’enfant qui est né durant son incarcération.
Véritable film de genre chevaleresque (ninkyo eiga), il annonce la transition avec les films de gangsters plus immoraux à venir. Déjà Sawaki apparaît comme complètement décalé avec son temps lorsqu’il sort de prison. Le kimono qu’il ne quitte pas vient accentuer cette image. La violence est déjà très présente, renforcée par le sang qui coule abondamment tout au long du film. Très intéressant à voir en introduction aux grands succès ultérieurs de Fukasaku comme Combat sans code d'honneur. Sawaki meurt dans la dernière scène du film, après avoir accompli sa vengeance, alors qu’il avait le choix de partir du bidonville avec sa femme et son enfant. Une convention morale de l’époque interdisait en effet tout happy ending pour un héros meurtrier, tout chevaleresque qu’ait été sa conduite par la suite.
Droiture et humanité, hein Sawaki ?
– Si on perd ça, alors qu’est-ce qu’il nous reste à nous yakuzas ?
– La chevalerie qu’on nous a enseignée n’était qu’un moyen pour nos patrons d’utiliser leurs soldats.
Très bon film, servi par un impeccable casting qui regroupe la fine fleur de la Toei : Kōji Tsuruta dans le rôle principal (Sawaki), Fumio Watanabe pour lui donner la réplique (Shimamura), Tetsurō Tamba dans un second rôle, Sumiko Fuji (Mie), rien que ça !