Avec Cerise se trouvent cristallisés les malheurs de l’adolescence et ceux générés par une crise politique, de sorte à peindre la révolte intérieure sur fond de révolution. Le principal problème, c’est que la juxtaposition ne fonctionne jamais : les tensions politiques semblent accolées au récit sans véritablement le porter ou le dévier. Et du côté du récit, la vulgarité assène le spectateur. La jeune protagoniste centrale s’avère tellement antipathique et détestable qu’on suit ses mésaventures avec un désintérêt croissant. On ressort de Cerise avec l’impression d’une bouillie indigeste où seraient compilés Paulette – précédent film du réalisateur – et les pires clichés du 93 et de l’Ukraine, à la sauce Borat. Ces clichés, parlons-en d’ailleurs. Une gamine de banlieue forcément vulgaire, forcément habillée en prostituée, forcément idiote et vaine, qui retrouve le droit chemin après un séjour chez des Ukrainiens forcément mafieux, forcément entourés de prostituées, forcément dépourvus de tout sentiment. La démarche sonne aussitôt présomptueuse : faire évoluer des clichés qui, sans ces circonstances croisées, seraient restés au stade primitif de leur état. Car mettre en scène la vulgarité de manière si complaisante – cf. générique de début – revient à épouser cette même vulgarité. Un récit d’apprentissage nul.