Réalisateur dont les débuts de carrière ont eu lieu majoritairement à la télévision, Jérôme Enrico signe en 2015 son troisième long-métrage, le second après Paulette, sorti en 2013. Protagoniste relativement nouveau donc dans le cinéma français, Enrico semble avoir une véritable pâte qui se dessine avec ces deux derniers films. Au fond, qu'elles s'appellent Paulette ou Cerise, c'est le même combat, et cela donne des films rafraîchissants qui tranche avec ce que l'on peut voir d"habitude dans le genre. Après, on ne criera pas au chef-d’œuvre, mais après tout ces films ne se sont jamais revendiqués comme tel.
Les personnages
La première marque d'Enrico, c'est de centrer son film autour d'un personnage, féminin jusqu'à présent, qui donnera son nom au film, et autour duquel gravite l'histoire. Et, surtout, ce personnage doit être absolument imbuvable, et trouver la rédemption dans des situations improbables. Pour Paulette, mamie raciste acariâtre, c'était le marché du cannabis et du space cake qui allait la rendre plus sympathique. Pour Cerise, pétasse superficielle de 14 ans, c'est un séjour chez son paternel en Ukraine, sur fond de révolution de la place Maïdan, qui va la rendre plus intéressante.
Décomplexé : le maître-mot
Mais ce qui caractérise peut-être le mieux ces deux films, c'est le ton absolument décomplexé que ce permet le réalisateur, qui laisse libre cours à ses envies en matière de ton et de réalisation. Envie de mettre un clip avec un Lénine ersatz de M. Pokora ? Qu'à cela ne tienne, Enrico ne se prive de rien. Dans un volet plus dramatique, cela se traduit par de vrais moments de violence lorsque les protagonistes s'insultent - c'est dit et filmé crument, ce qui donne plus de poids - ou, dans Paulette, quand le personnage central ne cesse d'appeler son petit-fils métis "Bamboula". Le racisme ordinaire révèle là toute sa dimension usante pour ceux qui en sont victimes.
L'humour
Surtout, les films de Jérôme Enrico sont drôles. De par l'absurdité des situations, le regard moqueur sur ses propres personnages, une vision cliché mais véritablement assumée des choses, on ne peut que rire, à supposer d'être pourvu d'un minimum de second degré.
Porté par Zoé Adjani (nièce de), Cerise se révèle être un film certes sans ambition, mais franchement agréable et novateur, et c'est bien là l'essentiel.
Évidemment, abandonnez toute idée de voir un propos pertinent sur la crise politique et insurrectionnelle en Ukraine, vous ne frappez pas du tout à la bonne porte.