La recherche du bonheur
Dans ces années 1970 qui verront la société fortement évoluer, Claude Sautet continue de dresser le portrait de sa génération et d'une classe moyenne d'origine populaire où, derrière l'apparence...
le 2 oct. 2015
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Dans ces années 1970 qui verront la société fortement évoluer, Claude Sautet continue de dresser le portrait de sa génération et d'une classe moyenne d'origine populaire où, derrière l'apparence heureuse de cette petite bourgeoisie, se cachent de nombreux problèmes.
Ce que j'ai toujours admiré dans le cinéma de Claude Sautet, de Vincent, François, Paul... et les autres à Les Choses de la Vie en passant donc par César et Rosalie, c'est cette façon de capter la vie. Tout simplement la vie et donc (et surtout) l'humain, les sentiments et la complexité de ceux-ci. Pourtant, tout paraît toujours facile pour lui mais c'est avec intelligence, finesse et réalisme qu'il retranscrit, et surtout nous fait pleinement vivre, la complexité de la nature humaine, de l'amour, des dilemmes de la vie et la recherche du bonheur. Il passe souvent par les images, les visages, regards des personnages ou non-dits, plus que sur les dialogues pour vraiment donner de l'ampleur à son oeuvre, celui-ci ne déroge pas à la règle.
Ici, c'est autour du retour d'un ancien amour dans la vie d'une femme qui vivait heureuse dans son nouveau couple, une arrivée qui va tout bouleverser et transformer la vie de ces gens-là. Le ton est d'abord plutôt léger, voire même comique grâce à un César caboteur et irrésistible avant que l'ambiance ne devienne plus ambiguë puis grave, une fois que chacun révèlera sa vraie nature. Sautet trouve toujours le bon équilibre, sachant passer d'un ton à l'autre tout en retranscrivant la complexité des enjeux et personnages, sans jamais tomber dans la facilité, bien au contraire même. Il dresse de passionnants et ambigus portraits, où chaque personnage se retrouvera confronté à d'importants dilemmes et devra faire face à des choix qui marqueront leur vie, mais aussi subir ceux d'autrui et voir ce qu'il considère comme le bonheur passer sous leur nez.
La mise en scène de Sautet sublime une écriture déjà d'une grande qualité et profondeur, tant dans les dialogues que les personnages, où aucun ne laisse réellement indifférents. Il fait peu à peu rentrer son oeuvre dans une forte dimension émotionnelle où chaque image se révèle d'une grande richesse. Il met l'homme face à sa nature, ses pulsions et ses réactions souvent incontrolées et influencées par de profonds sentiments comme l'attachement ou la peur. C'est notamment la peur de voir l'autre souffrir qui anime César et Rosalie, mais aussi la peur de l'avenir et de la construction d'une vie qui va impliquer celui ou celle que l'on aime, et c'est de nombreux sentiments humains comme la lâcheté, l'amour, la fuite, l'orgueil ou la tristesse que Sautet étudie. De nombreuses séquences en deviennent marquantes, à l'image de la façon dont Sautet met Montand face à la vie et les choix de ses proches venir directement le blesser ou encore toutes les scènes en bord de mer, qu'il ne manque pas de sublimer.
Sa réalisation est toujours très fluide où il se montre sobre pour mieux faire ressortir la complexité et l'émotion des personnages. La force du film, c'est aussi de nous y immerger et Sautet donne aux spectateurs l'impression d'être aux côtés des personnages entre Paris, Sète et Noirmoutier, autant de lieux qu'il capte à merveille, tout comme le contexte de l'époque (l'évolution des moeurs, la vision de la vie etc). L'ambiance oscille entre plusieurs tons, que ce soit dans la gravité, la mélancolie ou la fascination tandis que Philippe Sarde écrit une merveilleuse partition collant parfaitement à l'atmosphère et aux images. Comme souvent chez Sautet, la réussite vient aussi des interprètes où Yves Montand est tout simplement remarquable, aussi maladroit que sincère, sachant nous faire passer par tout un panel d'émotion, parfois d'un simple regard, sans jamais tomber dans la caricature tandis que face à lui, Romy Schneider est aussi belle qu'émouvante et Sami Frey retranscrit lui aussi la complexité de la nature humaine. Ces acteurs montrent aussi que l'émotion ne passe pas forcément par des mots, mais aussi, voire surtout, par les gestes, regards ou non-dits, ce qu'ils font merveilleusement.
Claude Sautet est un cinéaste de la vie, des sentiments et de l'humain et il le montre merveilleusement avec César et Rosalie, où il fait preuve d'une incroyable justesse et intelligence pour étudier mais surtout nous faire vivre, avec passion, déchirure et bouleversement, la complexité et la richesse des émotions.
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le 2 oct. 2015
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