Dernier film du maître, plein de bonnes choses mais souffrant d'hermétisme. On ne sait pas trop ce qu'a voulu nous raconter Buñuel en adaptant à sa façon (et plutôt librement) le roman de Pierre Louÿs, "La femme et le Pantin" (L'histoire d'une homme amoureux pigeonné par une femme et s'accommodant de cette situation) et on ne le saura sans doute jamais car que de questions non résolues : qu'est ce sac de patates qui apparaît plusieurs fois, pourquoi incorporer tous ces attentats, pourquoi cette scène d'attaque sur la route, pourquoi cette fin absurde (la broderie et l'explosion) ? Et pourquoi cette souris en plastique ? Quant à cette idée de faire jouer le rôle de Conchita par deux femmes différentes, ce que certains qualifient de génial, (Buñuel ne s'est jamais vraiment expliqué sur ce point) disons qu'elle n'est pas gênante, on s'y habitue très vite, mais elle a un inconvénient celui d'empêcher d'entrer dans la psychologie du personnage. Le film n'est pas non plus une critique de la bourgeoisie (ça devient lassant d'entendre répéter ça). Fernando Rey (qui joue très bien) n'est pas un mauvais bougre, il a simplement le tort de croire que l'argent achète tout (rien de nouveau sous le soleil) La critique de la religion (personnage de la mère bigote) manque de finesse. Ça fait beaucoup de points négatifs ! Reste : l'interprétation des Conchitas (avec une Angelina Molina qui crève l'écran et qui est bien supérieure à Carole Bouquet), un doigt d'humour, un zeste d'érotisme, quelques scènes insolites, des personnages secondaires impayables (Pierral, Milena Vukotic...) l'inoubliable séquence de la pièce cachée dans le cabaret, le rôle de parfait abruti du valet Martin, et la mise en scène de Buñuel qui fait qu'on ne s'ennuie jamais même si on ne sait pas où on nous emmène. Ça reste bon mais on est loin des grands Buñuel !