"Une famille qui crie est une famille unie."*

Mme Rose (Betsy Drake) est une femme au grand cœur recueillant tous les chiens et chats errants du quartier. C’est tout naturellement que lorsqu’on lui propose d’adopter une enfant difficile, elle accepte, en sachant que cela ne plaira que très modérément à son mari (Cary Grant, en verve), qui trouve que ses excentricités ont un impact non négligeable sur les finances familiales… Jusqu’où la famille Rose pourra-t-elle s’agrandir ?


Encore une petite pépite qui, malgré la présence de Cary Grant au générique, sombra dans l’oubli le plus complet. Dieu merci, les rééditions en DVD existent, et c’est toujours avec profit qu’on se lancera dans la collection TCM, des Trésors Warner, qui nous permet de redécouvrir avec un plaisir sans faille de nombreuses perles oubliées, dont cette comédie bourrée de charme et sans aucune prétention.
Mais si on rit beaucoup, grâce à des dialogues particulièrement affûtés ou à une excellente interprétation (que ce soit Cary Grant et Betsy Drake, couple à l'écran comme à la ville à cette époque, où encore les enfants), Cette sacrée famille dépasse à de multiples reprises le stade du pur divertissement pour nous offrir une morale familiale bien peu politiquement correcte en ces temps où la notion même de famille semble voué à une disparition totale à plus ou moins court terme.
Car il faut dire que la vision de la famille proposée par le film de Norman Taurog en dérangera plus d’un : apologie de la famille nombreuse (élargie par des adoptions), de l’autorité centrale du père sur ses enfants et son épouse, de la punition lorsqu’elle est nécessaire (il y a fort à parier que la scène où on voit la mère donner une fessée à son fils serait censurée aujourd’hui), du scoutisme comme école de vie… Et pourtant, qu'est-ce que ça fait du bien de se plonger dans cette famille modèle, cette famille unie où on éduque les enfants avec une rigueur bien dosée mais un amour, lui, démesuré !
Mais outre cette morale familiale traditionnelle - et peut-être un brin idéaliste, reconnaissons-le - que d’aucuns jugeront dépassée tandis que d’autres la regarderont avec une nostalgie sans bornes, le film aborde des thèmes non moins difficiles à transcrire à l’écran : l’adoption d’enfants déjà avancés en âge, l’éducation d’enfants rebelles, le handicap, l’exclusion… Autant de sujets évoqués en toute pudeur, grâce à des personnages auxquels on s’attache vite, et qui introduit une part de drame bienvenue sans jamais alourdir l’aspect humoristique du film, qui reste le plus prononcé.
Ainsi, à la manière de ce que feront plus tard les studios Disney par le biais de Norman Tokar (Demain des hommes, Le Plus heureux des milliardaires), Cette sacrée famille nous offre une belle leçon de vie et d’éducation, sans aucune démagogie. Leçon d’autant plus formidable qu’elle est dénuée de (presque) tout le prêchi-prêcha moraliste dans lequel le film aurait facilement pu basculer, se contentant de prêcher par l’exemple, illustrant parfaitement qu’au sein de nos sociétés modernes, il n’est rien de plus important que la famille…


*Gérald Godin.

Tonto
7
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le 30 déc. 2016

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Tonto

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