Ce sont des proches, amis ou parents, du défunt Jean-Baptiste, un peintre avec lequel ils ont eu des relations délicates, amoureuses, conflictuelles, passionnées dans tous les cas sans doute.. Aujourd'hui, il se rendent à son enterrement.
Patrice Chéreau filme un groupe de personnages -à forte proportion d'homosexuels (effet de mode ou fin de la discrimination au cinéma?)- qui se retrouvent, prennent le train ensemble, assistent aux obsèques à Limoges avant de repartir chacun de son côté.
Souvent, les réunions de famille ont donné lieu à des comédies ou drames satiriques s'employant à dévoiler sous le vernis aimable des apparences les mésententes familiales. Ici, les retrouvailles sont d'emblée discordantes, brutales et agressives, et les ressentiments s'affichent. On ne sait pas encore quel lien unit chacun des personnages au défunt (le connaitra -t-on vraiment à la fin du film?) mais on assiste, dans le train, au cimetière puis dans la maison de famille à des reproches ou règlements de compte quasi hystériques entre les protagonistes.
Chéreau, en passant dans un désordre brutal, d'une figure à l'autre, d'un groupe à l'autre, délivre pour chacun des bribes d'existence au moyen desquels le spectateur se doit de reconstituer le puzzle familial. Le montage chaotique, les mouvements de caméra brutaux, la confusion volontaire du récit compliquent sa tâche tout en stigmatisant, efficacement il faut le reconnaitre, des relations douloureuses, disloquées et antagonistes au sein du groupe. De ce point de vue, la mise en scène de Chéreau est convaincante et sa direction d'acteurs d'une grande virtuosité. En revanche, on renonce vite à découvrir les personnages et a prendre part à leur drame commun tant cet étalage d'agressivité, de névroses et d'amours meurtris semblent artificiellement excessif et affecté, comme relevant de l'exercice de style.