Le réalisateur Sud-Africain Matthys Boshoff nous raconte la vie d’un couple de Johannesburg, vivant paisiblement avec leurs deux enfants. Un matin où tout allait parfaitement bien dans le meilleur des mondes, alors qu’Annelie prenait la route pour emmener son fils et sa fille à l’école, elle ne comprend ce qui la pousse à arracher ce comics ridicule des mains de Cornélius, son fils, sans plus faire attention à la route ce qui les mènera à l’accident, à la mort de la petite fille et à la quadriplégie qu’Annelie devra supporter toute sa vie. On retrouve le couple douze ans plus tard, au soir de leur vingtième anniversaire de mariage. Magnus a tout organisé pour que tout se passe merveilleusement bien cependant la soirée est un véritable fiasco et la rancœur, la douleur et les regrets remontent amèrement alors que la dispute éclate à la maison…
C’est avec une habileté époustouflante que Matthys Boshoff filme ce terrible drame de famille qui n’épargne absolument personne. On assiste à la décente aux enfers du couple, à tout ce qu’ils ne doivent pas se dire pour maintenir un semblant de cohésion. On sent tout le désespoir de Magnus et toute la résignation d’Annelie qui ne fait plus aucun effort pour conserver les restes de son ancienne vie. Vlees Van My Vlees : Chair De Ma Chair. Le titre exprime toute la situation de Magnus qui ne veut plus de sa vie mais qui reste et qui endure simplement pour sa conscience, pour ne pas être celui qui a quitté une femme handicapée qui ne peut rien faire sans lui, parce qu’elle est sa femme et qu’il a construit sa vie autour d’elle, parce qu’elle est la chair de sa chair. Vlees Van My Vlees est un véritable bijoux d’écriture qui mesure chaque réplique, chaque parole pour la sortir plus dure et plus douloureuse.
Chaque séquence place l’émotion au centre de son propos. Lorsque Annelie et Magnus sont au restaurant et qu’il doit s’occuper d’elle et la faire manger alors que toutes les autres tables les regardent, on ressent leur honte et leur mal-être d’être vus comme différents et mal adaptés. Quand Annelie se retrouve seule et impuissante alors que Magnus s’énerve contre Cornélius qui tente de protéger sa mère, on ressent son impuissance. La pire séquence, celle qui exige du spectateur d’avoir des nerfs extrêmement solides reste encore la dernière, quand Magnus couche Annelie dans leur lit, qu’ils s’endorment et que Magnus se réveille en pleine nuit, en sueur et le cœur battant la chamade, il se lève pour aller se rincer le visage dans la salle d’eau à tout juste cinq mètres du lit et meurt d’une crise cardiaque juste devant l’évier. Toute la panique, la terreur puis la tristesse d’Annelie qui crie à l’aide à s’en déchirer les poumons sans qu’elle puisse bouger. Puis plus rien, seulement le petit filet d’eau qui ruisselle du robinet alors que les crédits commencent à défiler.
Vlees Van My Vlees de Matthys Boshoff est un des drames les plus puissants qu’il m’ait été donné de voir.