Certainement le film que j'attendais le plus à Cannes cette année. Je suis très adepte du cinéma de Christophe Honoré et celui-ci est à la hauteur voire encore plus réussi que les autres. Il s'agit de l'histoire de Catherine, une femme qui trompe son mari Richard depuis des années et qui, à cause d'une dispute conjugale suite à la découverte de la tromperie, décide de quitter son appartement pour passer la nuit dans l'hôtel sur le trottoir d'en face. Elle y retrouve Richard, jeune, qui l'aide à faire un point sur sa vie et à retrouver les fantômes de son passé (sa mère, ses amants, sa volonté, le premier amour de son mari...).
Le sujet du film, comme toujours avec Honoré, est proche d'une structure de vaudeville. Cependant, et c'est ici que se trouve tout le génie du réalisateur, celui-ci le traite d'une manière qui lui est propre, et c'est à la fois magnifique esthétiquement et brillant dans sa mise en scène. En effet, le film ne manque pas d'humour (ce qu'on trouve chez Honoré depuis Plaire, Aimer et courir vite), les acteurs sont excellents (le prix d'interprétation de Chiara Mastroianni est amplement mérité), les décors incroyables et les plans sublimes (merci au directeur de la photo Rémy Chevrin). Le seul bémol serait celui d'une partie à mon sens inutile, qui arrive en plus avec un fondu au blanc très laid, dans lequel on perd cette atmosphère confortable et cette convention du huis clos de nuit pour la plage trop lumineuse, il brise ainsi l'unité de lieu et de temps dans laquelle il nous avait installée dès le début du film et qu'il reprend ensuite, ce qui sort le spectateur du film pendant quelques instants.
On a l'impression avec ce film que Christophe Honoré s'affirme de plus en plus dans son style, tout en étant fidèle à ses débuts. Certainement l'un de ses plus beaux films.