Fruit de 25 ans d'économie et de maturation, Chansons du Deuxième étage est le premier segment d'une trilogie réalisé par le cinéaste suédois Roy Andersson, dont la production filmique se limite à six longs-métrages en l'espace de cinquante ans.
Le résultat de ce long processus de création, c'est un film pour le moins unique et étrange, une sorte de jalon manquant entre le cinéma de Ingmar Bergman et Wes Anderson, voire même une création hybride à mi-chemin entre Terry Gilliam et Wes Anderson.
Mais Chansons du Deuxième étage est avant tout une succession de sketches mettant en scène une humanité moribonde et blafarde, où quiconque tente de créer de l'art devient fou et où une génération de vieillard sacrifie la jeunesse dans un gouffre. De ce marasme de béton grisâtre émerge les plaintes étouffées d'adultes sans joie de vivre semblant attendre la mort, filmés au travers de long plan fixe où la composition picturale accentue leur détresse.
Tout droit sortis d'un tableau de Edward Hopper, les protagonistes de cette société vieillissante donne à voir une vision cynique de l'avenir comme peu de cinéaste ont été en mesure de le faire. Et pour cela, merci Roy Andersson.