Et bien dansez maintenant !

Pionnière des femmes réalisatrices à Hollywood, Dorothy Arzner reste aujourd'hui une inconnue du grand public malgré des collaborations avec les plus grandes actrices des années 1930, de Katherine Hepburn à Sylvia Sydney. Si "Dance, girl, dance" (1940) justifie l'étiquette de féministe qu'on a pu coller à son cinéma, il est aussi bien davantage : un grand film de provincial qui monte à New York comme Capra en faisait en ce temps, une comédie musicale échevelée mais, encore, toujours, un film de femmes qui en ont.

Les charismatiques Bubbles et Judy sont danseuses dans une troupe en Ohio. Elles montent sur scène dans des petits bouges devant cinq ivrognes qui regardent leurs jambes plus que leurs pas. La douce et réservée Judy rêve de ballet et de Broadway. La sexy Bubbles aux jambes interminables est bien plus cynique. C'est avec grand plaisir que l'on suivra leurs aléas dans Big Apple, entre faux espoirs et vrais coups durs.

Il y a du Capra comme on l'a dit dans le cinéma d'Arzner, du Minelli aussi sûrement dans l'énergie déployée par les actrices (Maureen O'Hara et Lucille Ball crèvent l'écran) et la bonne humeur contagieuse du film. Si le scénario est par moments trop conventionnel, la scène finale restera : la salle entière en est restée le bec cloué - surtout les hommes.