L'autre scène de la douche
Dès le début, l'ambiance est plantée. Un corps tombe d'un train. Puis, après le générique, c'est la rencontre entre Audrey Hepburn et Cary Grant, sur des dialogues percutants. Elle annonce qu'elle va divorcer parce qu'elle ne sait rien sur son mari et qu'elle ne supporte pas le mensonge. En quelques minutes, tout est dit.
Rarement mélange entre comédie et mystère aura aussi bien marché. Parce que Stanley Donen ne néglige aucun aspect : Charade est franchement drôle, voire même hilarant dans certaines scènes, un humour basé sur les personnages (surtout le couple principal) et les dialogues. Certaines répliques sont des merveilles. Ces dialogues sont ciselés d'une façon remarquable.
Preuve de la folie douce dans laquelle baigne ce film : Cary Grant qui prend une douche d'une façon pour le moins originale. Scène inoubliable, une des plus drôle du film.
Mais le cinéaste n'oublie pas non plus qu'il s'agit d'un film d'espionnage. Énigme, suspense, tout y est. Il ne privilégie pas la comédie sur l'espionnage (ou inversement), il parvient à réunir les deux en un juste et rare équilibre, participant à la réussite du film.
D'autant plus que le film se permet même quelques réflexions très intelligentes sur l'impossibilité de vraiment connaître les autres (même si on vit avec), sur la vérité et les mensonges, sur la nécessité sociale d'arranger la réalité, etc.
En bref, une grande œuvre, élégante, glamour, subtile, intelligente et passionnante. Audrey Hepburn y est remarquable, y compris dans les scènes où elle paraît plus délurée. Quant au talent comique de Cary Grant, il n'est plus à prouver : il était un des plus grands acteurs comiques du cinéma étatsunien.