La Chronique Mécanique de CHARLIE COUNTRYMAN

Premier long-métrage d'un réalisateur suédois venu de la pub et du clip, "Charlie Countryman" est une sorte de trip sous acide à mi-chemin entre "Snatch" et "True Romance", servi par un casting quatre étoiles. Drôle et survitaminé, il est malheureusement vite plombé par une esthétique pompeuse et surfaite, et un scénario brouillon qui, en dépit d'encourageantes prémices, finit par sombrer dans la surenchère. Décevant.

Le visage ensanglanté, suspendu dans le vide par les pieds, les premières images de ce film l'atteste d'emblée : le dénommé Charlie Countryman va vivre une histoire violente et renversante. En effet, Shia LaBeouf, l'interprète du rôle-titre, campe un jeune paumé bouleversé par la mort récente de sa mère, en route pour Bucarest afin de donner un nouveau souffle à une vie bien plate jusqu'ici. Au cœur de la survoltée capitale roumaine, il croisera une galerie de personnages haut en couleurs dont la belle et mystérieuse Gabi. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Charlie en tombe raide dingue et décide de tout faire pour la séduire. Quitte à s'attirer les foudres de Nigel, gangster charismatique et violent, qui n'est autre que le mari un brin jaloux de Gabi...
Au fond, "Charlie Countryman" n'est qu'un énième récit de loser au grand cœur en quête de sa destinée, une nouvelle histoire de gentil aimant à emmerdes reçu à son baccalauréat poisse avec mention et qui se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une sombre affaire. Rien de bien nouveau dans la recette certes, mais certains ingrédients peuvent parfois donner un résultat au goût surprenant. Ici, les premières parts du gâteau nous mettent en appétit. Shia LaBeouf incarne avec un réel brio un personnage attachant, sorte de grand gamin irresponsable qui court après ses rêves sans se soucier du reste. La veste en jean de Charlie lui va comme un gant. Et le film fait rapidement preuve d'une teneur accrue en onirisme saupoudré de poésie et de lyrisme (même si il a tendance à avoir la main un peu lourde sur le piano par moment). Comme Charlie est un jeune homme ultra-romantique et hyper-sensible à l'imagination fertile, le film recèle d'une dimension surréaliste, à la fois tendre et un peu démente à l'image de son (anti-) héros. Et comme Charlie est également un garçon maladroit, n'ayant pas la langue dans sa poche, et rencontrant le plus souvent des personnages hors du commun et excentriques, le film est aussi souvent drôle, voire euphorisant. Certains dialogues sont d'ailleurs plutôt bien écrits, et certaines situations incongrues à souhait.
Malgré un côté épique et dense, notre ami Charlie ne va, malheureusement, pas tarder à se prendre les pieds dans le tapis (vous me direz, quoi de plus logique pour un p'tit gars maladroit ?!). La faute à un scénario au souffle court qui finit par courir dans le vide, à un rythme qui s'étiole en plein milieu de l'intrigue par manque d'efficacité, mais surtout à une mise en scène reine de l'esbroufe qui en fait sans cesse trop comme pour tenter de masquer une certaine peur du vide, un peu comme on surdose en sucre un gâteau par crainte de le trouver fade. De ce fait, le réalisateur, dont le nom est Bond, Frederik Bond, multiplie sans la moindre mesure ralentis, plans en shaky-cam, usage intempestifs de lumières saturées, musique électro assourdissante, et tout autres effets grandiloquents dans le genre. Comme déjà dit en préambule, ce cinéaste novice vient du clip et de la pub et nous le fait sentir de plein fouet en en repompant sans limite tous les tics en tocs. Tout est fait dans un certain excès, et rythme et hystérie sont souvent confondus, de même que manière et maniérisme.
Encore une fois à l'image de son protagoniste central, ce thriller parfois fascinant mais souvent repoussant semble sans cesse se chercher, évoluant au carrefour des genres entre le polar âpre, la comédie déjantée, la romance dramatique et parfois même le fantastique. Confus et inabouti, mais toutefois sympathique, "Charlie Countryman" vaut surtout le coup d’œil pour sa belle brochette d'acteurs en excellente forme incarnant des personnages plutôt bien dessinés, comme l'impressionnant Mads Mikkelsen ("La Chasse", "Pusher", la série "Hannibal"), la belle Evan Rachel Wood ("The Wrestler") ou les petites apparitions des très bons Vincent D'Onofrio ("Full Metal Jacket") et Melissa Leo ("21 grammes", "Frozen River"). C'est pas beaucoup mais c'est déjà ça.

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JeanVacances
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le 16 avr. 2014

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