Charlie's country est un film nécessaire qui dépeint le cheminement intérieur d'un aborigène devant la culture australienne dominante qu'il finit par rejeter en voulant vivre à sa guise dans le bush. Un acte courageux pour cet homme qui vit au quotidien au sein de sa communauté dans ce qui ressemble à une réserve régie par une police omniprésente et plutôt raciste. Le portrait d'une Australie sans concessions, loin de la carte postale idyllique. Le spectateur réalise que l'assimilation est encore une réponse inappropriée à l'épanouissement quotidien des Aborigènes dont le mode de vie ( la chasse, la volonté de ne pas consommer coûte que coûte entre autres) est relégué voire dédaigné. Charlie fait partie de ceux qui refuse de se résigner en affrontant le modèle dominant alors que d'autres se noient dans l'alcool ou courbent l'échine. Son parcours nous fait aussi comprendre l'absurdité d'un système ou deux cultures se télescopent sans se comprendre. Sans violences, avec des moments de grande lucidité, Charlie's country est un témoignage qui s'apparenterait à une ballade triste jusqu'à la fin où le personnage du vieil homme retrouve une raison de CONTINUER après toutes les épreuves par lesquels il est passées. La réalité aborigène loin du folklore de façade fait écho au sort des Indiens ou encore à l'apartheid plus récent et nous ne pouvons que nous indigner devant cette situation désastreuse qui dure. Nous pouvons nous consoler que le film ait bénéficié d'une exposition au Festival de Cannes pour que le plus grand nombre ait accès à cette réalité déplorable. Un coup de chapeau à David Gulpilil qui se fait le porte parole désabusé mais réactif des Aborigènes en campant Charlie et qui avec son interprétation habitée et juste leur rend justice et fierté.