Charlot fait du cinéma par ChristopheL1
Comme je l'ai dit, Charlot et le parapluie fut le dernier film tourné par Chaplin sous la direction d'Henry Lehrman. Les relations entre les deux hommes n'avaient cessé de se dégrader depuis leur première collaboration sur Pour gagner sa vie, l'acteur reprochant au cinéaste de dénaturer ou supprimer ses meilleurs effets. Conscient de ces difficultés, Sennett assigna à sa nouvelle vedette un autre metteur en scène, George Nichols. Mais ce dernier n'eut pas davantage les faveurs de Chaplin, qu'il dirigea seulement à quatre reprises. Il semble que Nichols ait été, lui aussi, incapable de saisir le potentiel comique du comédien, qui se souvint dans ses mémoires qu'il attendait seulement de lui une imitation de Ford Sterling. Malgré tout, quelques gags savoureux de ce film sont de toute l'évidence des improvisations de Chaplin, tant ils annoncent ses réalisations futures (voir la scène où il utilise un pistolet comme cure-dent).
Mais Charlot fait du cinéma est surtout un passionnant témoignage sur les conditions de tournage dans les premières années d'Hollywood. On voit ainsi les équipes techniques de la Keystone au travail, on y croise quelques-unes de stars du studio, comme Roscoe Arbuckle, Ford Sterling, Mabel Normand, Edgar Kennedy ou encore Henry Lehrman. On découvre aussi comment un évènement -en l'occurrence un incendie- pouvait être intégré dans un film, ainsi que ce fut le cas, par exemple, pour Charlot est content de lui (une course de baby-cart) ou Charlot et le parapluie (des inondations).
Chaplin nous montrera l'envers du décor dans trois autres moyens métrages, dont il sera cette fois également l'auteur : dans Charlot grande coquette (The Masquerader), produit par la Keystone, dans lequel il apparaît d'abord sans maquillage, jouant son propre rôle ; puis dans son premier film pour la Essanay, Charlot débute (His new job), où il se présente à une audition pour devenir acteur ; enfin dans Charlot fait du ciné (Behind the screen), tourné par la Mutual.