Gibier humain
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le 24 janv. 2020
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Chasse à l’homme (Hard Target), réalisé par John Woo en 1993, marque les débuts du cinéaste hongkongais à Hollywood. Produit sous l’impulsion de Jean-Claude Van Damme, qui rêvait d’une collaboration avec Woo, le film est une tentative d’introduire le style chorégraphié et flamboyant du réalisateur au public américain. Le résultat ? Un cocktail explosif de scènes d’action improbables, d’esthétique kitsch et de moments totalement absurdes, qui en font un objet étrange mais fascinant.
Jean-Claude Van Damme, avec son mulet improbable et son cabotinage décomplexé, mène la danse dans ce film d'action typique des années 80/90. Pour qui a grandi dans cette époque, il y a une sorte de nostalgie à replonger dans ces œuvres, malgré leurs défauts évidents. Chasse à l’homme séduit d’abord par son esthétique, avec ses plans de la Nouvelle-Orléans et des bayous, et son ambiance qui pourrait presque être dépaysante. Mais tout cela est vite terni par un scénario aussi mince que les chemises ouvertes de Van Damme.
L’histoire, sans originalité, met en scène des riches en mal de sensations fortes qui organisent des chasses à l’homme avec des vétérans désespérés comme proies. Une thématique qui aurait pu donner lieu à une critique sociale puissante, mais qui est traitée ici de façon caricaturale. On retiendra néanmoins une scène marquante où un vétéran, en pleine traque, renonce à vivre face à l’indifférence des passants. Ce moment de désespoir se distingue dans un film autrement saturé de clichés.
John Woo, arrivé à Hollywood grâce à ce projet, semble vouloir y introduire sa touche personnelle avec des effets de mise en scène audacieux. Certains plans en vue subjective, par exemple, intriguent sans réellement trouver de sens, comme lorsque l’héroïne entre dans un commissariat désert. Ces tentatives laissent perplexe, d’autant qu’elles ne mènent à rien, si ce n’est accentuer l’impression d’un film incohérent.
Les scènes d’action, quant à elles, oscillent entre le spectaculaire et le grotesque. Mention spéciale à un moment aussi absurde qu’irréaliste où Van Damme, perché en équilibre sur une moto lancée à pleine vitesse, mitraille ses ennemis avant d’enchaîner sur un combo saut et salto. À se demander si, avec tous ces saltos répétés, il n’a pas fini le tournage complètement étourdi. Et que dire de la séquence finale, longue de 30 minutes, où Van Damme massacre des ennemis à la chaîne dans un hangar ? On comprend l'idée d'évoquer le carnaval de La Nouvelle-Orléans mais cette phase, qui semble s’éterniser, ressemble plus à un niveau interminable de Time Crisis qu’à une véritable conclusion épique, où les déguisements et marionnettes semblent être fabriqués avec de la nitroglycérine.
Enfin, les antagonistes sont eux aussi clichés au possible. Le grand méchant, caricature vivante, s’énerve sur son piano tout en serrant les dents, comme s’il souffrait d’une migraine chronique. À l’inverse, son bras droit, plus froid et méthodique, aurait pu être bien plus intéressant s’il avait été mieux exploité.
Malgré tout, pour les fans de Van Damme ou des films d’action de cette époque, Chasse à l’homme peut offrir quelques moments de plaisir coupable. Entre les décors du bayou, les cascades improbables, et un Van Damme qui semble s’amuser comme un fou, il y a quelque chose de vaguement attachant dans cette absurdité. Mais il faut bien l’admettre : le film est un raté. Trop long, incohérent, et incapable de décider s’il veut être un chef-d'œuvre d’action ou un spectacle ridicule, il ne tient debout que par l'énergie débordante de son acteur principal.
Quand on sait que c’est ce film qui a permis à John Woo de débarquer à Hollywood, on ne peut que regretter qu’il ait été bridé par les contraintes du système américain, l’empêchant de réellement déployer son art. Reste une curiosité pour les amateurs du genre, et un point de départ intéressant pour une carrière américaine qui connaîtra des sommets bien plus mémorables.
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il y a 7 jours
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