Après l'Europe de l'est, le continent asiatique et ses tournages en Asie du sud-est, le bisseux voire le nanardeur nostalgique des coups de tatane de notre philosophe belge Jean-Claude Van Damme voyage décidément beaucoup ces dernières années. JCVD et Steven Seagal se faisant vieux, Michael Jai White et Tony Jaa se faisant rare, et Dolph Lundgren étant toujours aussi sous-exploité martialement (sauf dans le plutôt réussi Skin Trade qui réunit avec plaisir les trois derniers cités) et plus de première fraîcheur, nous mangeons notre pain noir et devons nous rabattre sur une overdose du dramaturgiquement limité Scott Adkins, excellent artiste martial au demeurant, qui tourne beaucoup, sans doute trop (Wolf Warrior est une horreur nationaliste, Zero Tolerance est un gentil navet et Close range quasiment inregardable). Heureusement notre britannique préféré (avec Jason Statham) a trouvé dans des rôles mineurs un filon que je lui souhaite plus profitable dans Grimsby et Criminal.
Ce Hard Target 2 reprend donc les codes du Chasse à l'Homme de John Woo, première expérience du réalisateur Honk Kongais, auréolé du succès amplement mérité de The Killer et Hard-Boiled avec son traveling hallucinant et désormais culte de l'hôpital, et entend s'attacher l'affection fidèle du public des années 80-90's pour les thrillers d'action esthétisés (oui car qui a vraiment vu du John Woo époque Honk Kong sait combien son cinéma pour un occidental est un bonheur pour son montage et sa maestria scénique. Au delà de cela il est atrocement bavard). Or Chasse à l'homme avait été un succès très mitigé et un film mineur pour le réal, bien avant la trilogie tonitruante de ses succès: Broken Arrow, volte-face et MI-2. Comme tout remake low cost qui se respecte, Hard Target 2 sent le réchauffé et malheureusement descend de plusieurs crans dans la qualité.
Le combat d'ouverture sur le ring, mal filmé et particulièrement cheap, rappelle le JCVD époque Karate Tiger ou encore Kickboxer, ensuite viennent les combats de rue évoquant plus Full Contact ou Coups pour coups et là s'arrête la progression.... Une fois le film lancé et la traque de l'homme commencée, on bascule dans le film à petit budget coincé dans sa jungle avec des acteurs mal dirigés, semblant amateurs, et une Rhona Mitra - qui ne tourne plus grand chose depuis 4 ans pour le grand écran- dans le cabotinage permanent. Quel dommage!
Des décors fleurant bon la prairie du voisin, des effets spéciaux datés (les carreaux des arbalètes ne font guère mieux que l'époque de la série Highlander), des personnages archi-stéréotypés et des dialogues lourds. Il est temps que Scott Adkins soit plus exigeant avec ses films ! Si seulement un tantinet de sérieux avait été recherché. Ainsi une paysanne du fin fond du Myanmar qui verrait un occidental dévaler une pente pour se planter dans le flanc d'un éléphant, ne parlerait pas anglais avec une aisance confondante. Nos chasseurs du dimanche ne se déplaceraient pas en meute, tuant pour le spectateur tout plaisir de jouer avec l'espace d'un terrain de chasse annoncé de 170km carré. Enfin on n'aurait pas le droit à la scène de fin la plus inepte et sucrée qui soit, deux minutes après un twist scénaristique enfin intéressant.... Bref quand on tourne du prêt à porter pour bac à DVD, il ne faut pas s'attendre à des miracles, même si nous poursuivons le but ultime de trouver dans ces films faciles quelques moments de plaisir coupable. (Je conseille à qui ne l'a pas vu le très bon The Mechanik de Dolph Lundgren qui commence à dater - 2005 - mais qui est l'exemple même du film à faible budget accouchant d'une perle).
D'ailleurs sur Rotten Tomatoes, il se fait sévèrement tacler (15%), ce qui n'est pas une preuve absolue mais un indice quand à l'emballage de ce bousin.
3/10 (pour quelques figures en combat, et le plaisir de voir quelques paysages sympathiques).