Un très bon chambara pour Gosha qui semble conscient que la décennie qui se clôture laissera définitivement la place à des réalisations plus criardes et tapageuses. Son film a quelques chose de crépusculaire dans son approche du classicisme studio qui atteint ici une certaine perfection : le sens du scope, les cadrages millimétrés, la photographie somptueuse, sa direction artistique remarquable, les décors soignés. Pour autant, la réalisation de Gosha ne se repose pas sur ses lauriers et fait preuve d'une belle variété avec notamment un découpage virtuose qui multiplie les angles de prises de vue lors de scènes de dialogues. L'idée n'est pas seulement d'éviter l'académisme mais aussi de témoigner visuellement des jeux et des tensions autour des rapports de force et d'intimidation entre les nombreux protagonistes.
Et Gosha a déjà un pied tourné vers le "futur" avec déjà un certain nombres de références aux comic books comme ces grands tissus aux motifs imprimés représentant des visages de démons. Mais toujours avec une certaine retenue et une sobriété apparente.
Si le film fonctionne, c'est bien par le travail de mise en scène de Gosha qui ne manque d'idées pour créer de la tension et dynamiser formellement des scènes qui sont un peu brouillon il faut avouer. Le scénario est en effet pour le mois nébuleux, se contentant de recycler des formules et des schémas déjà mis en boîtes dans de précédentes œuvres (y compris par Gosha). Comme les acteurs sont sacrément charismatiques et que les personnages sont suffisamment développés, l'émotion parvient à s'installer durant le dernier tiers, ce qui permet d'échapper à un virage mélodramatique pour aller dans le pur romantisme tragique (ah ce travelling arrière dans un couloir totalement obscur laissant les amants agoniser dans une pièce se rétrécissant).