Hideo Nakata, qui portait déjà un intérêt pour l'impact de l'image sur un groupe d'individus à l'époque de Ring, s'intéresse désormais au poids technologique relativement récent d'Internet sur la société. Tiré d'une pièce de théâtre britannique d'Enda Walsh qui en signe elle-même l'adaptation ciné, Chatroom suit un adolescent de 17 ans, William, perturbé et solitaire, qui passe son temps sur Internet et rencontre une poignée de jeunes comme lui dans un salon de chat. Tous se confie très vite les uns aux autres, partageant leurs peurs et leurs angoisses, essayant de tirer du groupe la force de trouver des solutions à leurs problèmes. Mais William va très vite tirer parti de cette confiance aveugle et devenir un véritable manipulateur macabre.
Déjà en 2003, Hideo Nakata confiait à Sancho-Asia qu'à l'avenir il souhaiterait faire des films plus « normaux » et ne s'attarder que sur les relations entre différents protagonistes. Ce qui hier sonnait comme un souhait, se concrétise aujourd'hui au regard de ce dernier long. Le projet semblait idéal pour le géniteur des géniaux Ring et Dark Water, puisque principalement centré sur les longs échanges des personnages.
La pérennité théâtrale du film apparait d'ailleurs totalement assumé au vu de la mise en scène, parfaitement en adéquation avec son sujet. Car s'il y a bien quelque chose de délicat au cinéma, c'est de réussir à mettre en scène et à imager plusieurs personnages interagissant sur le web, chacun de son côté, derrière son écran et son clavier. Or Nakata réussit à ne jamais sombrer dans le ridicule ni à prendre son spectateur pour un abruti.
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