" Il y avait ce vieux chinois qui regardait le ciel il avait vu quelque chose que je n'avais pas vu"
"Cherchez Hortense" plus qu'un film sur la condition des sans papiers qui sert de fil conducteur pour lier les personnages entre eux, créer le quiproquo "comique" et pousser le personnage à agir, cette comédie intelligente met en scène un homme qui doit exister, décider et avancer et donne un rôle magnifique pour un Jean-Pierre Bacri formidable, drôle, fin et tout en maîtrise.
Cet homme qui ne pense pas avoir existé avant un voyage en Chine à l'âge de 15 ans, croise sur son chemin Aurore et il lui explique, un peu confusément, quand elle lui demande pourquoi il est "chiffonné" (sur un ton adorable parce que c'est la touchante, adorable, exquise Isabelle Carré et sa p'tite frangeounette) qu'il doit "aider quelqu'un en demandant de l'aide à quelqu'un et que si il ne le fait pas quelqu'un va avoir de gros ennui". Voilà le problème de Damien, il rend toute situation compliquée et comme il revendique n'avoir de rapports simples avec personnes, il ne réussit pas à parler à son père, à garder sa femme, à parler sérieusement avec son fils bref il laisse sa vie lui échapper et il n'existe plus. C'est par et avec Aurore qu'il va pouvoir retourner peu à peu vers l'existence.
Sur ce chemin de l'attentisme à l'action, la comédie met délicieusement en scène les rapports père/fils, les questions du couple, de la durée et remet en question la vie de Damien, sur un simple rendez-vous qu'il ne peut décrocher avec son père, qu'il manque et à la recherche de cet homme, celui qui pourrait l'aider, celui qu'il n'ose appeler, qui ne lui sert à rien mais ce prétexte qui le pousse à se faire violence.
C'est donc la quête d'un homme vers un changement qui est racontée ici dans un scénario bien rodée qui sait doser sa comédie, même quand il va dans le cocasse (la question de l'homosexualité du père, la nuit avec le serveur du restaurant). Et il joue clairement sur le naturel, sur les mimiques et le jeu de Bacri qui peu faire rire presque malgré lui, laissant l'image d'un homme en colère mais posé, calme qui tout en étant perdu, dit calmement à sa femme de quitter la maison, sans cri, juste comme une décision vers enfin l’existence en dehors des carcans qui l'étouffe et c'est en éclatant ces personnages de sa vie qu'il peut retourner vers la lumière et voir enfin ce qu'il avait perdu de vu depuis trop longtemps, la vie et l'amour ... Un film attachant, mon coup de coeur.