Alors que le sujet délicat et ambitieux du port du voile, de l'extrémisme et du culte religieux en général aurait pu donner lieu à un film à l'humour et aux dialogues fins...
On se retrouve face à un film aux poncifs lourds et indigestes avec une opposition entre les "Science Po-duXVIème-MonFilsvautBac+5minimum" et les barbus musulmans des cités "pas fut-fut" dont le principal intéressé -le frère revenant du Yemen- est complètement en roue libre : ultra agressif, lobotomisé et prêt à séquestrer et défoncer la porte de sa soeur à coup de hache... pas du tout stigmatisant comme portrait...
Le jeu des acteurs est beaucoup trop "récité", les dialogues sont téléphonés et trop "écrits", le film et ses situations sont grotesques car trop grossièrement découpés à la manière d'une BD : chaque plan = une situation = des poncifs (scène du bus, la violence caricaturale du frère, les amis musulmans tournés en ridicule par leur bêtise #tousdanslemêmepanier, la scène du dîner avec les parents et le plat de porc...).
Où sont les nuances et la finesse ? Quelques scènes prêtent à sourire dans les situations de déguisement, mais on aurait aimé avoir un travail un peu plus sincère et creusé quant aux concernées portant le voile notamment (qu'on croise plusieurs fois dans la cité sans aucune discussion malheureusement) histoire d'avoir un peu plus d'ouverture d'esprit et d'approfondissement, de réel intérêt sur le sujet.
Le sujet du petit ami déguisé en femme voilée contre le frère radicalisé est finalement un prétexte à un humour malheureusement trop grossier, là où on aurait pu avoir un travail sur les rapports entre les personnages plus abouti (liens fraternels, liens parentaux, liens amicaux, liens amoureux) plutôt que simplement illustrés comme un catalogue de scénettes clichées et tournant au ridicule toujours le même : le grand-méchant-frère-islamiste-revenu-du-Yemen.
Au final :
Les intellectuels "civilisés" (les parents aisés et le couple de héros) "expliquent la vie" et donnent une leçon aux personnages benêts de la cité (les amis musulmans et le frère).
La jeune femme indépendante et ambitieuse que joue Camelia Jordana est réduite au fait d'attendre que "ses hommes" décident de son sort (damoiselle en détresse enfermée dans sa tour > séquestrée dans sa chambre par son ogre de frère extrémiste et rejointe en cachette par son chevalier voilé). Comme d'habitude, elle est ici un faire-valoir amoureux statique qui permet de recentrer le combat de coqs entre le petit ami et le frère, rien d'autre.
Le jeune blanc hétéro de bonne famille ayant vécu dans la peau d'une femme voilée quelques jours maîtrise évidemment le Coran mieux que personne (mieux que tous les musulmans croisés dans le film) et donne des cours de tolérance à qui veut l'entendre. Du grand art.
Constat : Ennui et déception face à une idée de départ intéressante mais qui, mal orchestrée et mal réalisée, passe complètement à côté du sujet qu'elle prétend traiter et s'enlise dans la stigmatisation et la complaisance façon BFMTV. Pas classe.