« La comédie qui ose » scande l’affiche. Pour une fois qu’un slogan promotionnel ne s’avère pas au mieux exagéré, au pire mensonger… Il y a des sujets auxquels on ne peut soit-disant pas toucher car ils sont trop sensibles, notamment à cause de l’actualité (voir la déprogrammation pure et simple de « Made in France » des salles suite aux attentats). Par conformisme, traiter le fondamentalisme religieux par le prisme de la comédie pouvait s’avérer risqué surtout que s’il y a un bien un sujet brûlant en ce moment c’est bien celui-ci. Et bien cela ne fait pas peur à la jeune Sou Abadi pour son premier film et elle s’en accommode avec force, distinction et panache, ce qui est d’autant plus méritoire. Le scénario est bien écrit et tout le reste (ou presque) suit dans la foulée.
Cette comédie culottée et vraiment plaisante confirme l’adage selon lequel on peut rire de tout (peut-être pas avec tout le monde, mais qu’importe !) tant que cela est fait avec respect et bon sens. Le film ne tombe jamais dans la facilité ni dans la bouffonnerie; même si le final est parfois un peu sur le fil, cela finit dans un feu d’artifice de rires et un excellent happy-end, légèrement forcé mais nécessaire. « Cherchez la femme » ne se contente pas de faire rire mais il fait aussi réfléchir et dénonce toutes les sortes d’intégrismes ou d'extrémismes en prônant un Islam modéré mais ouvert sur le monde et la tolérance pour tous. Qui plus est, il le fait d’une manière éclairée et salutaire. Sou Abadi réalise son coup d’essai avec un tact incroyable et un bon sens exemplaire. Si seulement tout le monde pouvait aller voir ce long-métrage, c’est le genre de feel-good movie qui apaise les tensions dans la bonne humeur.
On y parle respect de tous, qu’ils soient femme, gay, homme, catholique ou musulman dans un maelström de situations et de dialogues qui forcent le respect par leur finesse, leur drôlerie et leur réussite. Certes, la forme n’est pas très travaillée, elle est même un peu vieillotte mais le fond de cette comédie est tellement moderne et fait du bien qu’on lui pardonne. La troupe d’acteurs s’en donne à cœur joie et on adore les seconds rôles incarnés par le couple de parents formés par Alvaro et Manojlovic. Les gags fusent et pas seulement dus au travestissement. Ils épinglent également la tenue de ces femmes en voile intégral ou toute sorte de mouvances, du féminisme au communisme. Tout le monde en prend (gentiment) pour son grade avec un seul mot d’ordre à la clé : l’humour comme rempart à l’obscurantisme. C’est gonflé mais sacrément réussi !