Proverbe Français
Par ou commencer et comment commencer. Cherry est un film assez étrange, qui nous propose un visionnage à la fois lourd et insignifiant dont la simple expérience devrait amplement suffire à elle-même. Mais malgré cela on peut se demander pourquoi un film comme Cherry rate aussi élégamment son propos, et surtout comment. Car si Cherry pose divers problèmes, il faut bien admettre que ceux-ci n'apparaissent pas directement au visionnage, ou du moins ça ne perturbe pas tant le visionnage que le souvenir qu'on en garde. C'est une fois que ce mal-être expérimental décante que la vérité saute aux yeux, exactement comme un film Marvel, oui...c'est surement par là qu'il faut commencer.
Dans le monde du cinéma, les Frères Russo sont dans cette situation
unique d’être à la fois des géants (ayant même détrôné le King of the
World James Cameron à la première place des films ayant fait les plus
grosses recettes en US$) et des nains (personne n’ayant jamais
mentionné leur « talent » de réalisateurs, si ce n’est pour le
moquer)
Intro de la critique d'Eric Pokespagne (Pourquoi se creuser la tête quand les autres le font mieux que nous)
Les Russo, aussi bien dans leur réalisation que dans leur direction d'acteur, puent la fainéantise artistique et intellectuelle, ne se résumant qu'à tendre la papatte quand les producteurs le leurs demandent comme des bons toutous. Mais si ce genre de comportement marche chez Marvel, il faut bien avouer que le cinéma de manière générale ne s'est pas encore abaissé à cette honte. Ce n'est pas pour rien si on a plus tendance à dire que les 4 films des Russo sont des films "de Marvel". Négliger sa patte artistique sur le long terme n'est pas viable à Hollywood. C'est en partie pour ça que Cherry est né.
Car quand on bosse chez Marvel quoi qu'on en dise, on rencontre des réalisateurs de talents (Waititi, Gunn mais bien d'autres bossant à Hollywood) qui peuvent facilement partager leur savoir faire mais aussi des acteurs de talents sur lesquelles on peut compter.
Alors qu'est-ce qu'on fait les Russo de tout ce matériel à disposition? De la merde. D'accord ce constat est limité et grossier mais regardez par vous même c'en est presque drôle. La réalisation doit aller dans le sens de l’œuvre et la porter, ces 2 extrêmes étant d'en faire trop ou pas assez à tel point de nous faire sortir du film. Les Russo n'ont rien appris, ils sont juste passés d'une extrême à l'autre. Trop d'idées de mise en scène, trop brouillons qui en sommes n'apportent rien si ce n'est l’effritement progressif de la suspension consentie d'incrédulité. Les Russo sont de bon réalisateurs? C'est faux, et c'est ce qui rend la chose presque ironique avec du recul, cette réalisation prouve l'inverse que ce qu’elle essaie de nous démontrer.
Mais si comme tout le monde je pointe la responsabilité du duo de réalisateurs, je n'oublie pas non plus le duo de scénaristes qui sont pour moi, autant voir plus responsables de ce fiasco. Angela Russo-Otstot et Jessica Goldberg sont, en plus d'être des scénaristes peu talentueuses, habituées à travailler sur des formats de série. Et le début qui annonciateur de la fin et le chapitrage (le chapitrage n'est pas forcément une mauvaise chose au cinéma, des personnes l'utilisent avec brio comme Tarantino mais il n'a vraiment ici qu'une valeur de séparer les différentes étapes du film) n'en sont qu'une partie visible.
Dans une série on peut légèrement mettre de coté le développement et l'attachement des personnages car ceux-ci viennent se construire sur la durée dans le cœur des spectateurs, mais ce n’est pas le cas ici. Un film de 2h22 ou les personnages ne sont jamais clairement définis c’est long, très long. Si dans la première heure les choses vont plutôt bien malgré quelques grosses phases de longueurs, le retour de la guerre marque le début d’un immense foutoir. On est dans un espèce de mélange entre Requiem for a dream et Baby Driver ou on passe du tout au tout sans réelles évolutions. Ce qu’on avait perdu en lourdeur on le récupère en bordel ambiant et évolutions sans grands sens. Tout est segmenté, tout perd en fluidité. Et bien sur nos 4 couillons ont décidé de tout compenser par les acteurs, mais ça ne suffit pas. Alors soyons clairs, Tom Holland et Ciara Bravo sont d’incroyables acteurs jouent sûrement l’un de leurs meilleurs rôles si ce n’est leurs meilleurs rôles à ce jour, malgré le fait qu’ils ne soient pas aidés par la direction des Russo. Mais voilà un château de cartes même magnifique et solide, quand il est construit sur un bateau qui travers la tempête il ne peut que se ramasser par terre.
Cherry est un film étrange, qui a l’air de se jouer de nous, nous imposant un visionnage lourd, limite malaisant qui ne se révèle, une fois les masques ôtés par le temps, qu’être léger et insignifiant. Tout comme sa réalisation , il est l’inverse de ce qu’il prétend