Des choses gentilles à dire sur ce film

En 1996, Scream a rouvert la boîte de Pandore du néo-slasher qui a débouché sur la production d’une palanquée de titres plus ou (surtout) moins respectables ou des adulescents têtes à claques se font gentiment trucider sur fond de Natalie Imbruglia ou de Paula Cole. Cherry Falls se situe clairement dans cette veine à ceci près qu’il jouit d’une petite aura culte pour son côté transgressif... qui n’est paradoxalement pas totalement visible à l’écran.

L’intérêt de Cherry Falls tient dans le retournement des poncifs du genre ainsi que dans son final qui est d’ailleurs l’élément qui a convaincu Michael Biehn, pas très chaud à la base, d’accepter de rejoindre le projet. En fait, Cherry Falls qui est tout à la fois le nom de la bourgade dans laquelle se déroule le film et une expression argotique désignant la perte de la virginité, s’amuse beaucoup avec les codes du genre à commencer par la règle selon laquelle l’abstinence est mère de survie.

De sexe, il en est beaucoup question et ce dès le début où deux ados se préparent à un moment polisson en voiture, dans un petit coin de nature. Mais cette séquence, qui se conclut naturellement par la mort des deux jeunes gens introduit aussi le ton légèrement décalé du film : le jeune homme se pose comme un extraterrestre du nom de Xunobulax chargé d’analyser les mœurs sexuelles terriennes pour le salut de sa civilisation devenu stérile... c’est en gros le pitch de Ma prof est une extraterrestre dans lequel officiait une certaine Xenobia. Et le film d’arborer tout du long un petit sourire en coin avec son tueur qui ne cible que les jeunes gens vierges jusqu’à cette apothéose : les jeunes qui ont appris que voir le loup leur donnerait l’immunité décident d’organiser une orgie... qui se termine naturellement en massacre agrémenté de mouvements de panique en petites tenues. Scène réjouissante au cours de laquelle on aperçoit un fuyard une main fraichement coupée encore agrippée aux cheveux mais assez en deça de ce qu’on aurait pu avoir.

En effet, si la séquence est celle qui semble la plus riche, c’est aussi celle qui a essuyé le plus de pertes. Cherry Falls a pas mal souffert de la censure. Le gore a naturellement été visé mais pas que, tout ce qui se rapporte à la sexualité de manière un peu trop visible dans le dernier tronçon a subi quelques coups de ciseaux. L’exploitation en salle a aussi été compromise si bien que le film est devenu un métrage télévisé de luxe avec un budget de 14 millions de dollars...

C’est d’autant plus amusant que ce traitement fait écho à une discussion entre le principal du lycée Tom Sisler (Joe Inscoe) et le shérif Brent Marken (Michael Biehn), le premier voyant d’un mauvais œil l’invitation à la débauche lancée par les adolescents, le second rappelant qu’une orgie vaut mieux qu’un enfant mort. Il y a derrière cet échange une forme de critique vis à vis de la persistance d’une forme de pudibonderie dans la société américaine qui fait que le sang reste préférable au sexe. Et quelque part la censure vis à vis de Cherry Falls ne le dément pas.

Après, tout n’est pas forcément bon non plus dans Cherry Falls qui soufre donc d’un côté timoré dû à la censure mais aussi, plus globalement, d’un manque de punch. Si le volet enquête mené avec gravité ainsi que l’impact des événements sur la petite communauté, fonctionnent bien, le déroulement de l’intrigue reste somme toute assez classique, les personnages archétypaux, quant à l’assassin on le démasque assez rapidement. En termes de réalisation, les meurtres restent assez plan-plans et sont, de plus, pénalisés par certains effets de montage pas particulièrement heureux.

Cherry Falls n’est pas un grand film, c’est vrai, mais il n’est pas dénué de qualités pour autant et l’amateur de slasher y trouvera son compte.


Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/cherry-falls

Ou sinon, je regarde juste les 38 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool


Personnage > Agissement

Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... – Stylé > Poignée de mains ridicule – Surpris·e par une main amie posée sur son épaule

Personnage > Caractéristique

Secret > Cache un lourd secret

Personnage > Citation

Menace > « Ne le/la/me touchez pas ! »

Personnage > Méchant·e

Le/la méchant·e abattu·e un peu plus tôt se relève pour un dernier frisson

Personnage secondaire

Flic d’aucun secours – Foule en délire > Bagarre plus ou moins spontanée de collégien·nes, lycéen·nes, taulard·es – Journaliste fouille-merde/chasseur de scoop

Réalisation

Cut après qu’un personnage ait été assommé – Disparaît comme par enchantement > après le passage d’un bus/d’un train... entre lui/elle et son interlocuteur – Grammaire > Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide – Grammaire > Ralentis injustifiés et insupportables – Grammaire > Scène de crime montrée par flashes répétés – Habillage > Placement de produits – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off – Tension > Ami·e qui ne répond pas à l’appel de son prénom

Réalisation > Accessoire et compagnie

A une plaque de voiture personnalisée – Ambiance > Toutes les lampes sont allumées – Stylé > Un flingue dans chaque main

Réalisation > Audio

Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Bruit exagéré > Coup de couteau – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Effet > Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc.

Réalisation > Surprise !

Faux suspense ! – Surprise > Les héros se retrouvent face à face au détour d’un couloir ou à l’ouverture d’une porte

Scénario > Contexte spatio-temporel

Endroit en surplomb de la ville où les couples viennent en voiture se bécoter

Scénario > Élément

Un·e proche meurt sous ses yeux

Scénario > Ficelle scénaristique

La chatte à Mireille – Tension > Confond la chose qui le/la menace avec son pote – Tension > Se réveille ligoté·e

Scénario > Situation

Loose > Privé·e de sortie, de téléphone... – Passion > Moment d’intimité interrompu

Thème > N’importe quoi

Non-suspension d’incrédulité > Lycéen·nes incarné·es par des acteurs ou actrices de plus de 25 ans

Thème > Sens moral

Délire autour de la virginité

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Tenues légères

---

Barème de notation :

1. À gerber

2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées

3. On s'est fait grave chier

4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là

5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas

6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu

7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème

8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème

9. Gros gros plaisir de ciné

10. Je ne m'en lasserais jamais

IncredulosVultus
6

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il y a 2 jours

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