Spielberg, et son copain de chambrée John Williams, m'ont déclaré la guerre

Soyons clairs dès le début, j'aime l'idée du réalisateur confirmé, mature, n'ayant plus rien à prouver, qui pour se faire plaisir décide de signer un film épique hors d'âge, je dirais même que le projet, sur le papier, est apte à m'émouvoir. Donc mon jugement ne porte véritablement que sur le résultat, que sur ce que j'ai pu voir à l'écran. Et là, je suis littéralement effondré : structure narrative inexistante, scénario totalement déséquilibré accouchant de scènes bâclées, paraissant même tronquées, qui ne parviennent jamais à donner un souffle épique (ce qui est pourtant le minimum que l'on est en droit d'attendre d'un tel cinéma), personnages (humains) d'une inconsistance rare, dialogues qui s'apparentent à du pastiche tellement ils sont indigents, musique de John Williams envahissante jusqu'à la nausée.

Partant de là, je me demande quel traitement aurait été réservé à ce film si le nom de Spielberg n'était pas présent sur l'affiche. Cet homme est-il devenu intouchable ou est-on en droit de dire que ce "Cheval de guerre" s'apparente pendant deux heures à un téléfilm du dimanche AM ? Je précise pendant deux heures, car soudain, en décalage absolu, comme si Spielberg semblait dire "Vous voyez ce que ce film aurait pu être ?", surgit une scène "affolante", renversante de beauté, que seul un grand réalisateur est capable d'offrir. Plutôt que de me consoler, ces quelques minutes m'ont rendu fou de rage car elles n'ont fait que mettre en avant la raison véritable de la médiocrité de ce film : Spielberg est paresseux...et vient de m'offrir deux calvaires en deux jours, après son "Tintin hystéro", voici donc "Jacquou le croquant a un cheval".

NB : Par souci d'honnêteté, je me dois de dire que ma fille et ma mère ont sangloté une bonne partie de la projection... J'aurais pu les accompagner dans ce concert de pleurs, la rage pouvant aussi faire monter les larmes.