Cheval de guerre par Miroir-rioriM
Printemps du cinéma : deuxième film !
Je suis allé au devant de Cheval de guerre un peu à l'aveugle. Je savais que ça parlait de chevaux, je savais que c'était de Spielberg, mais c'est à peu près tout. Je m'attendais au pire comme au meilleur.
Et j'ai eu une impression mitigée en sortant. Comme celle de m'être fait avoir. Non pas parce qu'il est foncièrement mauvais, mais parce qu'il a réussi à m'emporter alors que c'est un film bien bourrin, dans la forme.
Bien bourrin, on peut dire qu'il l'est sur la lumière et l'esthétique. C'est très très lourd, c'est des filtres voyants; des lumières voyantes. On se croirait dans la Petite maison dans la prairie dont on aurait poussé le contraste au maximum. Au final, ça passe plutôt bien au cinéma, mais je suis très dubitatif quant à l'impression retirée d'un petit écran. Ça fait factice, et j'ai été à deux doigts de décrocher du film à cause de ça. Mais une fois qu'on est rentré dedans, on n'arrive plus à le lui reprocher. J'ai honte d'avoir mordu. Ça m'a fait pensé à un Kinder Bueno ( métaphore pourrie ? Oui, mais j'ai une excuse, j'en mangeais durant la séance ), dégueulasse et plein de graisses mais on ne peut pas s'empêcher d'en recroquer un bout..
J'ai quand même eu envie d'enlever un point pour la couleur de la dernière scène, qui m'a fait pensé au générique de "Des jours et des vies".
La mise en scène est beaucoup plus honorable. Elle est très bien pensée et nous plonge au cœur de l'action. Les plans sont bien choisis et on sent une cohérence agréable. C'est un film particulièrement immersif.
Le rythme est tout en longueur, plutôt équilibré.
Le gros point noir du film, c'est les acteurs. Ils sont tous invariablement très mauvais, hormis les chevaux. C'est vrai, je dois saluer la performance des chevaux, et des dresseurs. Ils sont simplement parfaits.
Du côté des humains, par contre... Le surjeu est permanent. Aucun n'est crédible, et ça ne passe que grâce au grand barouf qu'il y a autour. Il y a même des moments où ça a failli me faire sortir du film : notamment lors des scènes de morts, où les figurants sont pitoyables.
Les personnages ne sont pas forcément inintéressant, même s'ils sont tous survolés vu qu'il y en a un sacré nombre. Là, c'est encore la même technique : on a mis le paquet, et dans la masse, il y en aura forcément des bons.
Est-ce que le film touche juste ? Oui, si on considère que tirer au bazooka à bout portant dans une cible, c'est toucher juste... Oui j'ai été touché, je n'ai pas pu m'empêcher de sangloter un coup, d'être sensible à ce cheval et à son maitre. Le film se présente comme un conte, et je pense qu'il est plus ou moins réussi dans ce domaine.
Le film dépeint la guerre de façon plutôt ... subtile, dans le sens où il suggère la violence sans la montrer de façon frontale. Mais l'impression qui en reste est loin d'être la subtilité, car le film suggère beaucoup de violence... concernant le rapport à la justesse historique, je n'en sais absolument rien.
Hormis la souffrance animale et la guerre, le film n'a pas beaucoup de profondeur, c'est une belle histoire bien contée, avec pleins de beaux sentiments, c'est tout.
Le scénario porte bien le film. On se plait à suivre les pérégrinations de ce cheval, et il a même réussi à me surprendre quant à où les retrouvailles se déroulent.
Au final, je pense que le film aurait eu moins si je l'avais vu hors d'un cinéma. C'est vraiment un film fait, paramétré pour être diffusé en cinéma. J'ai comme l'impression qu'une fois sorti de la salle, les cordes s'effondreraient et le too much donnant une touche de magie ne fonctionnerait plus. Film à ne pas revoir, donc, pour ma part.
Film apéritif, plaisant, doué là dedans, mais creux et artistiquement factice.