Chi-Raq, mot-valise rassemblant Chicago et Irak, ou lorsque le conflit est au cœur de la ville mais que l’État continue de soutenir une armée pour maintenir l'ordre à l'étranger sans se soucier de ce qui se passe sous son nez.
Ici Spike Lee retranscrit la pièce d'Aristophane, Lysistrata, dans les quartiers chauds de Chicago où deux gangs - les Spartiates et les Cyclopes - se livrent une guerre sans merci. À l'image de la Lysistrata de Grèce Antique, la contemporaine rallie les femmes tout d'abord dans son entourage, puis chez l'opposition pour mener une grève du sexe, afin de forcer les hommes à rétablir la paix.
Un film tout en rimes scandées, extrêmement théâtral (on a l'impression d'assister à un spectacle, une représentation plutôt qu'un film), narré par nul autre que Samuel L. Jackson. Ici pas de prétention à un quelconque réalisme des banlieues, même si l’œuvre y est profondément enracinée et émerge de cette violence quotidienne.
C'est à coups de théâtre, de chorégraphies et d'affrontements au flow indubitable que le conflit est présenté, un véritable show explosif se posant comme une protestation, et offrant une vision idéaliste, utopique car irréaliste d'une solution au trouble fondamental américain : la libre circulation des armes à feu, la constante guerre des gangs qui en découle et les victimes des balles perdues qui ont cessé d'importer.