On aurait pu croire à une énième critique sociale, l'histoire de deux gars paumés, englués d'ennui dans une ruralité somme toute bien léchée (le microcosme d'un charmant petit village du sud) mais Jean-Baptiste Durand nous élève bien au-delà. Son écriture au cordeau porte un sujet encore plus universel : l'amour ravageur entre deux êtres que tout oppose, l'amour dévastateur entre deux être que les maux contemporains désespèrent. C'est toute la nature humaine qui se joue dans les regards baissés de Dog et dans le phrasé destructeur de Moralès. Moralès dont la nourriture intellectuelle qu'il assène régulièrement ne sait que trop bien lui rappeler que sa place devrait être ailleurs. Montaigne lui réchauffe l'esprit et le cœur en attendant le mieux qui viendra peut-être. Et le mieux ne sera pas forcément là, où nous, spectateurs l'aurions soupçonné. C'est une autre belle surprise du film.
Pour finir, mention spéciale à l'affolant jeu d'acteur de Quénard qui amène son personnage très loin du crevard affamé que laissait présager le titre.
"Chien de la casse", récit de vie de trois chiens errants est un film à hauteur d'homme.