Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Chien de la casse est sans doute l'un des plus beaux films sur l'amitié masculine. Jean-Baptiste Durand arrive à capter ce que sont les relations entre mecs dans ces petits villages, ce que c'est que ce chambrage qui finit par tourner au harcèlement, ce que c'est que l'amour vache, mais surtout comment ça cache surtout une certaine forme d'inconfort et de manque d'assurance. Rien qu'en réussissant ça Durand avait un bon film.
Mais en plus il a le casting parfait, les trois acteurs principaux sont tous les trois très bons et Anthony Bajon commence à avoir quelques bons films à son actif. Disons que leur interprétation permet de donner de la consistance aux personnages, de sentir qu'ils ont un vécu et qu'ils éprouvent des sentiments entre eux. Que ça soit un amour naissance, que ça soit du mépris... Et on a pas besoin de dialogues pour ça, juste voir leur tête et on comprend ce qui se passe. On comprend que le Mirales qui joue les caïds il a peur que son pote le délaisse, on voit bien qu'il le chambre pour jouer aux durs et s'inventer un personnage, que son pote l'agace quand même malgré tout un peu, qu'ils ont passé peut-être trop de temps ensemble... Bref c'est un film où on sent qu'il se passe quelque chose entre les personnages. Et une fois n'est pas coutume il se passe plus de choses entre les deux amis, qu'entre le mec et sa nouvelle copine.
Il faut souligner l'excellence de l'écriture du personnage de Mirales dont on voit bien qu'il est tiraillé. Il se cache derrière ses rêves de grandeur (travailler dans un grand restaurant) pour finalement ne pas avouer qu'il ne fait rien de sa vie et que le temps passe... J'aime beaucoup le fait que le mec ne corresponde à aucun cliché qu'on pourrait se faire sur le petit caïd. Il se comporte comme un, certes, mais il lit, il cite Montaigne, il est gentil avec les autres... Il cache juste son manque d'assurance derrière un surplus d'arrogance.
Bref, j'ai trouvé extrêmement juste, tantôt drôle, tantôt touchant et j'aime le fait qu'il n'y ait rien besoin d'expliquer. On comprend. On comprend parce que nous aussi, spectateurs, ces situations là on les connait.
J'apprécie aussi le fait que le vie de ce village/petite ville de province, où il n'y a rien à faire à part trainer, soit représentée pour ce que c'est, que ça ne soit pas idéalisé. Ça ressemble vraiment à ça une soirée là-bas.
Un film premier long métrage sublime.