Quelques années après la guerre, Kurosawa dresse un portrait d'une société troublée et ravagée par une défaite qui a laissé le Japon ruiné, affamé et sans aucune ressource matérielle.
Au travers des yeux d'un apprenti policier, représentant donc de la loi et de l'ordre, on assiste à la déperdition d'une société qui, ayant perdu ses repères se remet, mais est toujours en quête de souffle pour un renouveau et qui peine à se sortir du marasme dans lequel elle s'est enfoncée.

Ainsi au travers de la perte d'un objet symbolique, le colt, l'apprenti se retrouve à plonger dans les bas fonds, et quoi de mieux et de plus réaliste pour représenter les mauvais quartiers, habillé en sans abri que de porter les vêtements d'un soldat ? celui-ci symbolisant la perte, et d'un certain point de vue la déchéance d'un pays. Ce sont aussi des valeurs qui ont été perdues et qui doivent se reconstruire après la guerre, le policier autrefois soldat volé, réduit à la honte brisé par les évènements d'une guerre mondiale et se reconstruisant suite à sa récente démobilisation.

C'est ainsi sa propre histoire que va revivre le policier interprété par le jeune acteur Toshiro Mifune d'alors, recherchant à tâtons son arme pour corriger son imprudence, se mortifiant à ce qu'elle pourrait faire, lui qui a connu la guerre et qui la voit se immatérialisée au travers de cette perte. Kurosawa montre ici le coté hasardeux et non maitrisable d'une guerre qui brise les deux camps les réduisant à leur enfance à leur solitude.

Le film a cela d’intéressant qu'il va se diviser en deux parties : une première où l'apprenti part en quête de son arme, seul, se faisant sa propre enquête et délaissant toutes les autres, et une seconde où éclairé par un mentor il plongera dans un univers beaucoup plus noir mais aura la chance de le voir l'éclairer de son savoir-faire, c'est donc un tout nouvel apprentissage qui débute pour le jeune policier après des jours passés à chercher seul (qui plus est en soldat, celui-ci fort symboliquement, puisque montrant l’égarement de la guerre), le voilà à présent habillé à la mode, fut-elle occidentale, cherchant le symbole de son rôle en tant que policier.

Ainsi donc le chien enragé représente le danger d'un traumatisme alors bien présent dans la société japonaise (le film ayant été sorti en 1949 soit seulement quatre ans après la fin de la seconde guerre mondiale), dresse alors un portrait très noir d'une société perdue et appauvrie où même l'ordre est menacé, et appelle à une grande vigilance par rapport à cela. Mais c'est aussi un message d'espoir que Kurosawa adresse à son spectateur lui envoyant un message simple : l'enfance n'a pas connu la guerre, elle joue toujours et continuera à jouer en espérant un lendemain meilleur.
Crillus
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le 6 avr. 2014

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Crillus

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