Le Japon défait après la guerre, Toshiro Mifune est une nouvelle recrue de la police qui se fait piquer son flingue lors d'un été caniculaire et se lance dans une recherche qui tourne à l'obsession au fur et à mesure des victimes de l'arme.

Après l'avoir lancé l'année d'avant dans le formidable L'Ange Ivre et juste après le moins réussi Duel silencieux, Kurosawa retrouve le plus bel animal du monde dans la fleur d'une outrageante jeunesse et toujours débordant d'un feu inimitable.

On a beaucoup parlé des inspirations néo-réalistes du film, et les liens avec Le Voleur de bicyclette ne sont pas hasardeux. C'est surtout pendant l'extraordinaire partie où Toshiro erre tel un marginal dans les bas-fonds de la ville que la filiation devient crédible. Pendant des dizaines de minutes d'un montage haletant, Kurosawa réalise presqu'un documentaire parfait du Japon d'après-guerre, sans un dialogue et parfois juste en filmant, magnifiquement, à hauteur de pieds.

Le cinéma français d'avant-guerre a aussi laissé des traces, l'indolence des milieux interlopes, les scènes de cabarets et la reprise de vieux tubes français nous renvoie directement dans un bon vieux Duvivier avec Gabin, dans les bouges d'Afrique du Nord.

La chaleur a rarement été aussi palpable, mille petits gestes rappellent en permanence que chaque geste implique un océan de sudation, que la moiteur est à couper à la machette et que dans ces moments là, le plus gentil des cabots peut devenir le dernier des enragés.

Préfigurant une nouvelle fois des codes qui ressurgiront plus tard, Kurosawa oppose ici au jeune excité un vieux de la vieille, le toujours parfait Takeshi Shimura, lippe tombante et fume-cigarette au bec. Richard Donner pillera d'ailleurs sans vergogne le film pour ses armes fatales, la scène dans le stade de Hockey du troisième étant directement inspiré de celle qui se déroule ici au match de base-ball.
Bien entendu, tant au niveau de la mise en scène que du discours humaniste ou des interrogations sociales, la comparaison s'arrête là. Notons tout de même qu'alors, le vieux était encore détenteur du savoir et respecté par le bleu-bite... O tempora, o mores...

Un zeste de maladresse dans quelques scènes un peu pathos et mon injustifiable exigence envers le maître me poussent à une inqualifiable sévérité. Pas impossible que je relève la bête dans les jours qui viendront...

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le 2 avr. 2012

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Torpenn

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