Un beau portrait de femme au temps de la dictature

La réalisatrice Manuela Martelli nous replonge dans les années sombres du Chili, au temps de la dictature de Pinochet est plus exactement en 1976, trois ans après le coup d’État du 11 septembre 1973 qui a instauré la loi martiale et fasse régner la terreur dans le pays. Une des années les plus sombres du Chili que la réalisatrice a décidé de raconter à travers le personnage de Carmen, une jeune grand-mère issue d’un milieu bourgeois, épouse de médecin, qui va voir sa vie quelque peu bousculée, pour ne pas dire bouleversée, au moment où elle accepte, sur la demande d’un prêtre, de cacher un jeune homme blessé et de le soigner.


Carmen, qui était partie pour rénover la maison familiale au bord de la mer, en compagnie de son mari et de ses petits-enfants, se retrouve ainsi presque, malgré elle, impliquées dans la résistance, à devoir faire le messager entre son jeune protégé et le groupe d’opposant au régime auquel il est lié.


Même si la dictature de Pinochet n’apparaît, la plupart du temps, qu’en arrière-plan, de manière souvent suggestive, elle est malgré tout très présente durant tout le film… et dès la scène d’ouverture, avec en hors-champ, l’enlèvement d’une personne par la police, au moment où Carmen quitte son appartement. Elle est aussi suggérée par le sentiment de paranoïa qui règne dans le film, par la présence de la police et de l’armée, et aussi par le corps de cette femme retrouvé sur la plage qui questionne les enfants, même si l’on sait qu’il s’agit sans doute d’une dissidente jetée dans l’océan.


Le premier film de la réalisatrice Manuela Martelli dresse un portrait subtil de femme dans la tourmente, révélant au passage l’actrice chilienne Aline Küppenheim, tout à fait convaincante dans le rôle de cette femme embarquée presque malgré elle dans les horreurs de la guerre civile.


Un premier long-métrage, très beau, bénéficiant d’une mise en scène et d’une photographie très soignée, dont la belle lumière contraste assez avec l’aspect sombre du propos.

A la fois thriller et film politique, Chili 1976 est aussi et surtout un film d’atmosphère dans lequel la réalisatrice a voulu raconter les années de plomb du Chili à travers ce beau et touchant portrait – inspiré en partie par sa grand-mère et le mystère de son suicide – , celui d’une femme qui va accepter de se mettre en danger et se confronter à la réalité politique de son pays.


https://www.benzinemag.net/2023/03/27/chili-1976-un-beau-portrait-de-femme-au-temps-de-la-dictature/

BenoitRichard
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le 27 mars 2023

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