Si l'on ramène à la vie un corps humain -après un très long délai- est-ce que son âme lui revient?
C'est à cette question que tente de répondre le Chiller de Wes Craven, soit un téléfilm commandé par la chaine CBS, dans le cadre de son "Wednesday Movies".
Trop souvent écarté de la filmo de Craven au profit de Nightmare... et autre, Chiller mérite pourtant que l'on s'y attarde.
En effet -et ce, malgré le format étriqué du téléfilm évitant toute violence graphique- cette œuvre de Craven parvient à installer quelques moments assez "autres", via l'excellente interprétation de Michael Beck, dont le regard minéral sied tout à fait au sujet traité.
Il y est question de la douleur d'une mère face à la perte de son seul et unique enfant.
L'argent aidant, elle décide donc de cryogéniser le corps de son fils, dans l'espoir fou que la science pourra remédier à sa maladie incurable (un cancer du foie, l'ayant mené dans un coma hépatique).
Vous qui êtes peut-être parent, ne seriez-vous pas tenté de faire la même chose, dans le cas -même infime- de voir votre enfant revenir?
Chiller illustre donc ce besoin instinctif de récupérer un fils prématurément disparu et le tout, sans aucun pathos.
Simplement la détresse d'une femme qui a survécu à son fils...
Marion Creighton (Beatrice Straight) a donc agit de la sorte et lorsque le caisson cryogénique de son Miles (Michael Beck) a une dysfonction technique, le corps se dégèle au-delà du seuil critique.
La seule solution restante, étant de tenter une réanimation hasardeuse.
Mais miraculeusement, Miles revient lentement à la vie, ce qui emplit de joie Marion et les médecins.
Pourtant, une question commence à se poser: pourquoi les agissements de Miles sont-ils à ce point opposés à sa personnalité passée?
Il fait montre d'une certaine froideur -sans aucun jeu de mot- voire même d'une inhumanité latente.
Marion refuse obstinément de le reconnaitre, alors même que le propre chien de Miles, puis sa sœur adoptive Stacey (la belle Jill Schoelen) et enfin le Révérend Penny (un sobre Paul Sorvino) ressentent cet état de fait.
Sans scène graphique -format télévisuel oblige- Craven s'autorise quand même à instaurer un certain malaise (le jeu vicieux envers le gérant de sa société, la brutalité contre l'une de ses employées et enfin le point culminant, lorsque Miles a des visées immorales concernant sa sœur adoptive et tente même de la violer), assez inhabituel dans ce style de production TV de l'époque.
Chiller pose donc les bonnes questions et y répond avec une certaine efficacité, malgré les contraintes imposées par le cahier des charges stricts de CBS.
Il faut parfois savoir passer outre l'emballage, pour apprécier une œuvre enserrée dans un carcan étriqué.
Je n'ose imaginer ce que le format cinéma "R" aurait pu apporter à ce projet.
Ceci dit, ce cadre télévisuel permet de s'attacher à l'essentiel, sans exagération gore qui aurait pu nuire à l'ensemble.
A savoir que la version VHS parue chez nous, présente un montage raccourci.
Le plus étrange, c'est que ces scènes coupées ne présentent rien de plus que des séquences faisant partie intégrante du récit (comme la première visite de Stacey à l'hôpital, la préparation de la chambre de Miles pour son retour ou encore une scénette durant une partie de gin...).
Incompréhensible...
Bref, Chiller mérite sa place dans la filmo de Craven et se doit d'être réhabilité.
"I tell you what there is in the other side.
Nothing...Absolutely nothing!
You die and it's simply darkness!"